Vos questions

Psychologue en ligne

A quel moment agir ?

Recourir aux services d’un psychologue est en soi un cheminement personnel, plus ou moins long. Les motivations qui y conduisent sont variées, elles dépendent de l’urgence, des problématiques et ou des besoins ressentis, ainsi que du projet que cela sous-tend. Il n’y a jamais de mauvaises raisons, ou de raisons illégitimes pour consulter un psychologue. C’est une décision personnelle, propre à chacun, qui s’intègre dans une histoire singulière.

Consulter : un temps de maturation

En général la consultation d’un psychologue fait suite à une période de maturation plus ou moins longue, car nous avons des résistances psychiques, plus ou moins fortes, qui nous retiennent, et qui, avec le malaise que nous ressentons, augmentent. Elles n’ont rien à voir avec la bonne volonté de la personne. Elles s’expriment souvent par des a-priori négatifs sur l’idée d’un accompagnement psychologique : « … ça ne sert à rien, je n’ai pas le temps, c’est cher, je vais être manipulé, personne ne peut me comprendre, je sais ce que j’ai, c’est pour les faibles, je peux m’en sortir tout seul… » et toute sorte d’idées partagées entre angoisses et préservation de sa fierté personnelle.

Le malaise : une lente progression vers la conscience

Au début, en général, le mal-être ne fait pas parler de lui. Il s’installe sans bruit dans nos vies et nous nous habituons à lui. Nous n’en prenons même pas conscience. Puis il se fait connaître, à travers les sentiments qu’il génère, les disruptions qui s’installent dans les relations que nous construisons avec les autres, et si nous commençons par prendre conscience de sa présence nous tentons de ne pas tenir compte de lui, en espérant que ça passe de soi-même. Puis, comme il ne passe pas, lorsque nous prenons vraiment conscience du mal-être que nous endurons, nous voulons d’abord nous en sortir par nous même, ce qui est tout à fait sain et naturel. Ce n’est que lorsque l’on constate la gène manifeste que provoque ce malaise dans nos vie et que le malaise ne passe pas de lui-même, ni par les efforts que l’on fait, qu’on comprend et que l’on accepte le besoin d’une aide extérieure. Il n’y a pas de chemins tout tracé, de durée standard pour prendre conscience de ça, c’est un parcours intime, singulier, propre à chacun.

Prendre le temps d’accepter

Il faut parfois prendre un temps assez longs pour vaincre les résistances que l’on éprouve ou attendre le moment où elles sont plus basses pour se sentir le courage de passer le pas pour consulter. C’est quelque chose que je comprend très bien et que je respecte. Je le souligne ici pour que chacun sache que c’est tout à fait normal et ne se juge pas lui-même négativement sur les réticences qu’il éprouve à aller consulter. Il faut le temps que l’idée fasse son chemin, cela fait partie intégrante du processus de changement et de transformation intérieure qui conduit à consulter. En général, il est de coutume de dire que lorsque le consultant en vient à passer le pas, qu’il a pris rendez-vous auprès d’un psychologue, il a déjà fait la moitié du chemin vers la compréhension et l’apaisement de lui-même et vers un nouvel équilibre intérieur.

Identifier les raisons de la consultation

Cependant, en plus des résistances, en plus de ce processus de prise de conscience de son problème et de maturation de la décision, il existe une autre difficulté. En effet, dans la plupart des cas, le désir et le besoin de consulter sont vagues et ne sont pas toujours facile à identifier. On ne sait pas ce que c’est. Pour vous aider à y voire plus claire je vous propose de répondre à un « petit » questionnaire. Ce questionnaire n’est pas un questionnaire étalonné, il n’a pas de visée diagnostic. Il a seulement pour fonction de vous aider à y voir plus claire en vous même et de vous aider à prendre votre décision de consulter un psychologue ou au contraire de la reporter à plus tard, en toute connaissance de cause.

1 – Qu’est que je peux dire de la nature de ce que je ressens, de son intensité de sa fréquence et sa durée?

2 – Quels sont les effets concrets, mesurables ou observables que ça a sur ma vie (ex : dans mon corps, mes relations aux autres, ma situation professionnelle et matérielle…) ?

3 – Est ce que j’ai des ressources (en compétences, en affection…) dans mon entourage et comment c’est accepté ce que je ressens?

4 – Ce que je vis là, c’est comment par rapport à d’habitude, est ce c’est habituel, est ce que c’est normal?

5 – Comment je fais face à tout ça, est ce que j’y arrive?

6 – Est ce que ce serait plus facile si j’étais aidé et pourquoi?

7 – Est ce que je pense que c’est possible d’aller-mieux et pourquoi?

8 – Est ce que je ressens depuis un moment l’envie de changer quelque chose en moi ou dans ma vie pour aller mieux et comment?

Vous n’êtes pas obligé de répondre tout de suite. Vous avez tous le temps pour méditer sur ces questions. Elles peuvent vous aider à y voire plus claire. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, et, quelques soi la décision que vous prendrez à l’issue de ce petit bilan, si vous le faites, ce sera la bonne décision. Dans tous les cas, je me tiens à votre disposition si vous souhaitez en parler avec moi.

L’alliance thérapeutique : une relation de qualité

La relation thérapeutique que je construis avec mes patients est basée sur la notion d’alliance thérapeutique. La notion d’alliance thérapeutique, de relation d’aide viennent de la pensée de Carl Rogers. C’est un concept qui appartient à la psychologie humaniste et auxquels ont participé d’autres personnalités notables en psychologie comme Jacob Levy Moreno, ou Abraham Maslow.

Fidèle à cette école de pensée, la relation que je construis avec mes patients est fondée sur l’empathie et sur la congruence. L’alliance thérapeutique est un type de rapport qui forme une sorte de contrat entre le psychologue et son patient. Cela les oblige réciproquement : ils font équipe pour résoudre un ensemble de problèmes bien précis. Dès lors, ils se retrouvent autant engagés l’un que l’autre. Ce type de rapport atténue grandement la verticalité de la relation d’aide, qui se rencontre plus couramment dans d’autres courants théoriques. Cela n’empêche pas les projections affectives et émotionnelles, ni les interprétations, mais elles ne sont pas ici l’enjeu essentielle de la relation comme dans d’autres courants théoriques. Même si bien sur, je partages avec ces autres courants, les impératifs de non-jugement, de bienveillance et du respect d’une distance juste.

« La vie est, au mieux, un processus fluide et changeant en lequel rien n’est fixé. »

 – Carl Ransom Rogers

Évidemment la relation évoluera au cours du travail, au fil des aléas qui y surviendront et nous aurons à nous y adapter. Les principes que je fixe ici à titre indicatif, ne sont bien entendus pas des lois strictes, mais plutôt des axes et des repères. Cela tend à constituer un cadre, souple et évolutif.

Je considère mon travail comme une co-construction, une coopération dans laquelle je mets au service des gens que j’accompagne mon expertise pour faire émerger chez eux, au fil du temps, une meilleur compréhension de soi et un nouvel équilibre intérieur.

Un cheminement…

Lorsqu’on commence à évoquer pour soi, la possibilité d’une psychothérapie comme solution pour se soulager d’une souffrance psychologique, on éprouve souvent une certaine crainte de l’inconnu. On se demande dans quoi on va rentrer, comment ça va se passer, qu’est ce qui va se passer, etc? Une thérapie est d’abord une méthode, ( du grec méta-hodos : chemin) c’est un processus, un cheminement et comme tout cheminement il est balisé par des étapes.

Les 5 stades d’une psychothérapie

Ainsi de la même manière qu’il existe des cycles au travail créatif, comme j’ai pu l’étudier moi-même ( processus créatif de Wallas : recherche-problématisation, incubation, illumination, vérification…) ou encore comme l’a montré Carl Rogers, dans son processus thérapeutique en 7 étapes, on retrouve un certain nombre d’étapes communes à différentes approches dans le processus thérapeutique. Il s’agit de constantes qui se répètent à peu près dans toutes les psychothérapies qui réussissent.  D’expérience j’ai pu remarquer  qu’il existait au moins 5 grande phases  à une psychothérapie :

1. La Confiance

Faire confiance, se faire confiance, obtenir la confiance de la personne que l’on a choisit : c’est la confiance qui va poser les fondations du suivi thérapeutique. C’est une prise de risque pour le patient comme pour le psychologue. Il s’agit d’un moment de tension, d’incertitude, de remise en cause de part et d’autre, de négociations en vu de trouver un accord. Ce qui est l’enjeu ici est de pouvoir co-construire une relation de confiance entre les deux.

C’est ce qui se passe naturellement entre des inconnus. Le patient et le psychologue dans un premier temps vont essayer de se connaître, de se comprendre, et de s’apprécier mutuellement pour travailler au mieux ensemble pour voir ce qu’il est possible de faire. C’est un objectif fondamental pour pouvoir atteindre tous les autres.

Il est en effet difficile de construire quelqu’action de soin possible ou un suivi efficace et viable sans prendre le temps de construire préalablement une relation de confiance. Mais lorsqu’elle parvient à s’établir on peut s’appuyer sur elle pour poursuivre le suivi, et entretenir la motivation : il faut y croire à cette histoire là. Cette période peut être selon les cas plus ou moins longue. Cela passe par un temps d’échanges de plusieurs séances, libre, non dirigé. Ce moment mobilise d’abord pour le psychologue, et en particulier les psychologues humanistes, de l’empathie, de la congruence et une considération positive inconditionnelle envers le patient.

2. Le Lâcher-Prise

La confiance permet le lâcher prise.

Généralement quand une personne prend la décision de consulter un psychologue c’est qu’elle ressent une tension intérieure très élevée, voir une souffrance psychologique manifeste, qu’elle ne parvient pas ou plus résoudre. Sa première demande est d’abord de retrouver de l’apaisement, de restaurer le bien-être qu’elle a à être en elle-même, d’abaisser la tension intérieure qui troublent sa vie. À ce stade la personne ressent du stress, une emprise mentale du problème « qui lui prend la tête ». Elle n’est pas en mesure d’analyser sa problématique, par manque d’énergie et à cause des biais qu’impliquent l’emprise. Elle est dépassée par elle. C’est sa problématique qui mène sa vie. Le travail du psychologue, selon sa formation, et ses orientations sera d’aider la personne à lâcher prise, psychiquement sur sa problématique. Patient et psychologue peuvent également examiner ensemble en quoi consiste cette « prise » du problème sur l’esprit du patient. Ils peuvent interroger aussi les mécanismes en jeu dans le stress que ressent le patient, dans les fixations mentales et les ruminations qui l’enferment dans son problème. Parler fait du bien, être écouté plus encore, cela permet à nouveau de retrouver une présence à soi et au monde. Passer par des expériences de conscience modifiées et par des exercices de relaxations peut être une bonne chose aussi. L’hypnose, le rêve éveillé dirigé, la méditation de pleine conscience, la promenade thérapeutique sont également de bonnes choses pour contourner les défenses qui fixent le problème dans la personne.

3. L’Analyse

En général, une fois qu’on atteint un certain lâcher-prise, un certain apaisement intérieur,  la demande qui apparait chez le patient c’est de comprendre. Cette demande de sens était présente dés le départ, mais les tensions intérieure qu’il ressentait l’en empêchait jusque là. Grace au lâcher-prise, il va pouvoir désormais rentrer dans ce travail d’analyse approfondie. Car il ne s’agit pas seulement de lâcher-prise, de se sentir un peu mieux, mais aussi de trouver du sens à tout ça. En effet les tensions qui ont été vécu jusqu’au lâcher prise sont le fruit d’une problématique intérieure, profonde. Le lâcher-prise ne fait suspendre les tension, il ne les efface pas. Tant que cette problématique n’a toujours pas été comprise, elle est toujours susceptible de se manifester à nouveau sous d’autres formes. Ici le travail d’analyse a pour finalité de comprendre sa problématique, de mieux se comprendre soi, de donner sens aux évènements traversés, de mettre en perspective les choses, de mettre en lien les affects (les émotions), les concepts (les idées) et les percepts (sensations).

Là encore plusieurs approchent fournissent chacune une réponse différente et pourtant assez similaire au fond. Le mot analyse qui veut dire « décomposition » suppose bien qu’il y ai un tout, un ensemble de choses reliés entre elles, qui forment un réseau qui fait système. Une analyse vise toujours à un moment en une compréhension d’effet entre des choses, à une représentation schématique de phénomènes subjectifs et des liens qui la constituent.

Commence alors tout un travail d’exploration et de recueil qui peut être assez long. On recueil des souvenirs, des représentations de soi, du monde et des autres,  mais aussi des croyances, des rêves, des projets, des choses inconscientes, toutes sorte de pensées et d’informations. Cela constitue les schémas que la personne a sur le monde, les autres et elle.  Cela peut se faire classiquement au cours d’un entretien libre ou dirigé, mais cela peut se faire aussi par le chant, par la danse, par le dessin, par l’analyse de productions symbolique non-verbale. Il y a en effet des choses qu’on a du mal à exprimer simplement, directement par des mots. Il faut parfois passer par un support, un média avec lequel le patient se sente à l’aise. On explore dans tous les sens, sur le plan biologique, social et psychologique.

Une fois qu’on a recueilli assez de matière, il s’agira alors de mettre en liens tout cela pour faire émerger une représentation cohérente et claire des choses. Le pendant inhérent de l’analyse c’est en effet l’interprétation. Toutes ces informations, il s’agira de les mettre en ordre. Il n’y a pas de bon ordre et il n’y en a pas de mauvais dans l’absolu. Le bon ordre c’est celui qui est en rapport au contexte. C’est pourquoi une analyse psychologique est toujours une compréhension de soi et du monde à la fois.

Une interprétation est toujours une décision de donner, d’une façon ou l’autre, un sens spécifique aux liens entre les choses. La valeur de ces liens étant toujours en relation avec les bénéfices concrets qu’ils apportent à la personne, à leur valeurs adaptatives. Le travail du psychologue, ici, c’est d’aider le patient à structurer sa pensée, à évaluer les choses, pour construire une analyse cohérente et efficace, ou s’articule mieux, l’imaginaire, le réel, les concepts et les affects

Dans tous les cas, au final, il s’agit pour le patient d’obtenir une représentation schématique approfondie, pas forcément complète, de soi, de son comportement, de son histoire, de son environnement. Il s’agit à travers ce travail d’analyse de faire émerger, ce qui jusque là échappait à la compréhension (comme les implicites) ou ce qui était mal-compris. Il s’agit d’un travail qui fait la part belle à la verbalisation, à la rationalité, et à la cognition. C’est pourquoi, c’est un travail, réel, actif, qui demande beaucoup d’énergie et un certain temps. Il peut être assez « dépressogène » car il consiste aussi à mettre en évidence les limites, les bloquages intérieurs, les obstacles, les contradictions, les failles, tout ce qui ne marchait pas, ne faisait pas sens. C’est tout à fait normal et ce n’est pas du fait du psychologue, mais c’est dans la nature du travail d’analyse elle-même. C’est pourquoi un tel travail est impossible à réaliser avant de lâcher-prise. D’abord parce que la « prise » biaise l’analyse et ensuite parce qu’il faut retrouver une certaine quiétude intérieure pour mener à bien ce travail. Il faut retrouver une certaine énergie que la « prise » détourne pour accomplir ce travail. 

Bien sur, une analyse ne peut pas et n’a pas à durer « toute la vie ». L’important ici n’est pas d’avoir une vue complète et totale des choses, (ce qui est illusoire et inutile)  mais d’avoir une représentation efficace, c’est à dire que l’on peut utiliser pour agir, pour réaliser certaines choses.

4. La Résolution

Lorsque la phase d’analyse est arrivée à son terme et que la personne a mis en sens un certain nombre de choses, saisit certains schémas qu’elle les a admis et intégré, alors une nouvelle phase plus dynamique peut commencer. Il s’agit de la phase de résolution. On pourrait aussi l’appeler « révolution ». Car il s’agit ici de rendre ancien par les actes, ce qui dans le présent ne marche plus. Le nouveau moi qui surgit de l’intégration de ce qui a émergé dans la phase d’analyse chasse l’ancien, le rend révolu. On pourrait encore l’appeler « phase d’actualisation », car il s’agit de rendre actuel, par les actes, mis en actes donc, ce qui dans la phase d’analyse a été découvert. Mais le terme de résolution m’apparait plus juste, puisque c’est là que le problème se trouve, concrètement résolu, il a trouvé sa solution.

La phase de résolution, de même que la phase de confiance n’est pas une finalité en soi. Il en va de même pour le lâcher-prise ou l’analyse. L’analyse comme étape de construction du sens, pour donner sens aux tensions vécues, au mal-être enduré, n’est utile que dans la perspective suivante : comprendre pour agir. Les représentations schématiques, les interprétations, que l’on peut produire au cours d’une analyse n’ont de valeur que si elles peuvent être utilisées par agir en soi, sur soi et sur le monde. Il faut que ça sorte de l’espace clos du cabinet pour prendre réalité dans la vie du patient. Cette un acte maïeutique pur, c’est comme s’il naissait, à nouveau.

Il s’agit alors d’une phase d’élaboration créative et de résolution de problèmes. D’ailleurs on peut retrouver à l’issue de la phase d’analyse, deux temps du processus créatif que je citais plus haut, à savoir, l’incubation et l’illumination. La phase d’analyse correspondant elle-même à la phase de recherche-problématisation. En effet, au bout d’un certain temps du travail d’analyse, le travail de conceptualisation va s’approfondir, incuber. C’est l’inconscient qui va se mettre en travail alors. C’est un travail non-visible, qui suppose de lâcher-prise, d’interrompre ou de ralentir le travail de surface, visible, manifeste. Puis, au bout de ce travail surgit un jaillissement intérieur, l’illumination. On ressent une certaine joie de voir qu’on a « la solution », que les choses s’agencent bien, se mettent en ordre harmonieusement soudain. Et, à ce stade, c’est le besoin de réalisation qui apparait naturellement. Et ce qu’on a saisi en soi alors, on veut ensuite l’appliquer, le réaliser. À ce moment, on voit spontanément les personnes régler des problèmes de vie, de logement, d’apparence physique, d’habillement, de santé… etc.

5. l’Autoévaluation

Enfin, le cinquième temps d’un processus thérapeutique, c’est la phase d’auto-évaluation. Lorsque l’on a réalisé ce qu’on souhaitait, qu’on a accompli (ou presque) les projets que l’on sentait nécessaire, alors vient le moment où on vérifie que les choses ont vraiment été bien faite, qu’on ne s’est pas trompé, qu’on a bien accompli le but qu’on voulais atteindre. On peut commencer alors à envisager la fin de la thérapie, du suivi ou de l’accompagnement.

Dans la phase de résolution, il ne s’agit pas d’avoir un résultat parfait, ni complet pour passer à la suite. Il s’agit seulement d’avoir modifié l’environnement, les habitudes, le milieu, de manière suffisante pour que la souffrance psychologique qui a motivé la demande initiale ne se répète pas. Car on peut en effet changer en soi, comprendre des choses, retrouver une certaine sérénité, mais tant que les choses, n’ont pas changée à l’extérieur, dans le monde et dans les relations aux autres, alors le mal-être est toujours susceptible de revenir encore. Nos problèmes, nos souffrances ne sont pas des spectres sans corps qui flottent dans l’air obéissant aux aléas. Ils ont une certaine matérialité. C’est pourquoi, il faut que cette réalité change pour que le changement intérieur soit vraiment engagé dans une dynamique positive et durable.

Ainsi, ce n’est que lorsqu’un certain nombre d’évènements ont eu lieu et ont modifié le mode de vie de la personne, de sorte à l’y engager durablement, que l’on peut enfin considérer que la phase de résolution a porté ses fruits et que l’on peut faire le bilan.

Ce n’est qu’à l’issue de la phase de résolution que l’on peut passer à la phase d’auto-évaluation. Cette étape a deux enjeux. Le premier c’est de vérifier que tout le travail que la dyade patient-psy a fourni va dans le bon sens et porte ses fruits. Le second c’est de se trouver capable de s’auto-évaluer et de porter sur soi, et par extension sur l’autre et sur le monde, un jugement, une estimation qui soit juste, raisonnable, en cohérence avec le contexte. Le psychologue ici peut proposer au consultant de faire retour sur lui-même pour s’évaluer par lui-même et lui demander de vérifier si cette évaluation est juste. Si tout se passe bien, au terme de ce processus en cinq étapes, le consultant devrait avoir non seulement surmonté ses difficultés, mais il devrait aussi avoir renforcé ses connaissances de lui-même et être suffisamment autonome pour ne plus avoir recourt à l’assistance du psychologue. On peut alors envisager la fin de la thérapie sereinement. Mais si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave. On revient en arrière pour apporter des correctifs et on prend le temps que les choses évoluent jusqu’à ce que l’on se sente prêt pour arrêter le suivi.

Temps et contre-temps : boucles, bonds et plateaux

Les cinq étapes précédemment décrites sont à la fois des phases et des buts à atteindre qui nivèlent la progression. Ces buts et phases répondent aux besoins psychiques du patient et cela jalonne son parcours. Mais ces phases et ces buts ne forment par un programme pré-établi car ils sont affectés par la singularité de la problématique que chacun vient traiter. Il ne s’agit pas d’un absolu, plutôt d’une tendance, voire d’un champs restreints de possible qui formalise l’élargissement ou le réagencement de la conscience de la personne. Cela supporte donc naturellement les ajustements de chacun. Il se vérifie toutefois dans l’expérience que les dernières phases ne parviennent pas à s’accomplirent pleinement sans que les premières phases aient été atteintes. Généralement dans les faits, toutes les phases ou buts sont en jeux tout au long du processus. La question de la confiance par exemple, est encore présente dans la phases de lâcher-prise, puis toute les autres jusqu’à la fin du processus, mais dans les phases suivantes, même si parfois elle pourra être remise en question, elle ne sera pas autant l’objet de la préoccupation du patient et de la relation thérapeutique. Les phases sont ainsi les moments où certains buts forment la préoccupation principale de l’échange. La progression dans le processus est donc fonction pour le patient de sa capacité à découvrir et à satisfaire, un à un, chacun de ces buts et à comprendre la nécessité de les satisfaire dans un certain ordre pour pouvoir passer aux buts et aux phases suivantes. Si quelqu’un, par exemple, est impatient d’accomplir d’abord la phase de réalisation, il faudra qu’il prenne le temps, suite aux échecs qu’il essuie à réussir cette phase, de prendre conscience, qu’il lui faut solder préalablement la question du lâcher-prise, puis de l’analyse pour accomplir pleinement la phase de la réalisation ou résolution.

La progression donc, dans ce processus, est par conséquent fait de temps (les phases) et de contre-temps. La progression est en effet composées de bonds où la personne atteint soudain un nouveau palier d’élargissement de sa conscience et de boucles où elle revient sur les buts ou besoin psychique qu’elle n’est pas encore parvenue à satisfaire. Lorsqu’elle ne revient plus en arrière, alors elle atteint un plateau, un niveau de conscience stable. Et généralement pour passer d’un plateau à l’autre, il lui faut régler ses besoins précédents. Si bien que le parcours dans le processus est bien plus souvent marqué par des transitions entre deux étape du processus, que comme des fixation ou des focalisations sur chacune des étapes. Généralement les personnes se situent plus entre deux étapes que situés sur une seule. Au début les patients se situent entre l’étape de confiance et celle du lâcher-prise, puis lorsqu’ils auront soldé cette question de la confiance, ils entameront la transition entre l’étape du lâcher-prise et celle de l’analyse et ainsi de suite d’une transition à l’autre. Chaque transition constitue alors un plateau de stabilité jusqu’à atteindre un état jugé optimal par la personne.

Il est cependant à préciser que ce processus, n’est pas toujours linéaire et que la récursivité fait partie de l’évolution dans le processus. En effet les passages d’un plateau à l’autre, peuvent constituer des moments où l’intensité psychique à l’abord d’un nouveau palier peut remettre en question les étapes précédentes. Il peut donc y avoir des retour temporaire à des étapes ou à des plateaux qu’on croyait avoir intégré lorsque se pose le passage à un plateau suivant. La progression dans le processus, en effet, pour tout un tas de raison, ne se fait pas sans encourir le risque de son échec. Certains passages demandent parfois plusieurs tentatives, plusieurs boucles avant de se réaliser, quand ils n’aboutissent pas tout simplement à l’échec du suivi entier, quand les résistances sont trop forte. Cela réclame beaucoup d’attention de la part du thérapeute pour aider la personne à surmonter ses résistances. En effet, un suivi psychologique, est diachronique, il est partagé entre des moments d’urgences, de crises, où il faut gérer des problématiques de court terme et des moments de stabilité où il faut gérer des problématiques de long terme.

Il faut ajouter enfin que l’évolution dans le processus est partielle, dans la mesure où une personne, se trouve impliquée dans plusieurs processus évolutifs sur plusieurs thématiques à la fois et néanmoins liées les unes aux autres. L’évolution que connait quelqu’un sur le plan professionnel par exemple peut être beaucoup plus avancé que la thématique familiale ou inversement, selon la facilité que la personne aura à dénouer telle ou telle thématique.

Ajustements, aménagement : informer pour rassurer

Ainsi, de bonds en boucle, de plateaux en plateaux, d’une thématiques à l’autre, le processus que constitue ces cinq étapes, peut être linéaire pour certains, là où pour d’autres il sera cyclique. Certains vont vouloir revenir en arrière, d’autres vont vouloir sauter des étapes. Certains iront vites, d’autres lentement. Certains seront réguliers et d’autre iront par à-coups. Certains arrêterons en cours de route et on ne les reverra jamais plus, d’autres reviendront et termineront plus tard. D’autres feront leur chemin par petits bout en plusieurs séquences. Certains passeront par ces étapes de façon sérielles et progressive, là où pour d’autres elles s’imbriqueront, se chevaucheront en parallèle. La plupart le feront dans l’ordre, tandis que certains devront les aborder dans le désordre pour découvrir l’ordre… Mais en général dans une psychothérapie qui a marché ce sont les cinq moment que l’on retrouve : la confiance, le lâcher-prise, l’analyse, la résolution, l’auto-évaluation. 

Ces cinq étape ou but ont une certaine logique interne les uns par rapport aux autres. Ils constituent un système. C’est là leur force. L’intérêt d’en parler ici, c’est qu’ils font repères. Grace à ces repères, on sait où on se situe dans le travail thérapeutique. Ils désignent des objectifs thérapeutiques à atteindre et qui sont a peu près toujours les mêmes quelques soit les problématiques abordées ou les orientations théoriques retenues. Expliquer ces repères, cela permet de rassurer les personnes qui se posent des questions ou qui ont des doutes ou des stéréotypes sur les accompagnements psy. Cela permet de se projeter un peu et de voir en quoi, une psychothérapie peut être utile et efficace. Cela permet de définir à quoi sert exactement une psychothérapie, d’en poser le cadre et la structure, de telle sorte que chacun puisse l’investir et le faire sien. Cela permet de baliser un chemin et d’éclairer la décision de celui ou celle qui souhaite s’y engager. C’est le sens de ce texte.

Quelques indications de durée pour donner des repères

Avant même de savoir si elle « marche », beaucoup de gens s’inquiètent de la durée que peut prendre une psychothérapie. C’est là une chose bien compréhensible.

Mais il est difficile d’y apporter une réponse exacte, valable pour tous le monde et tous le temps. Un processus thérapeutique n’est pas un processus standard et encore moins standardisable. Ce qui dure longtemps pour les uns durera peu pour d’autres, etc. Tout dépend des problématiques de chacun. C’est un processus singulier et variable. Pour tenter d’y voir plus clair, il faut d’abord distinguer deux type de prise en charge, qui définissent chacune une temporalité différente : la psychothérapie proprement dite et la thérapie de soutien.

Les thérapies de soutien

Une thérapie de soutien par définition s’inscrit dans une temporalité courte. Elle concerne des problématiques qu’on dit infra-clinique. Cela veut dire que cela ne concerne pas des troubles habituellement répertoriés dans les différents manuels diagnostics (DSM V et CIM XI) et qui se trouvent classiquement pris en charge par les psychologues et autres praticiens du psychisme. Il s’agit de malaises liés à des évènements normaux de la vie qui demandent parfois un coup de pouce pour être surmontés. Cela peut être un deuil, une rupture amoureuse, un échec scolaire ou professionnel, un déménagement, du surmenage… En général cela dure entre 3 et 6 mois (mais cela ne peut durer que quelque semaine, selon les besoins…). Cependant, il se peut que cette demande en cache une autre et que cela débouche sur une prise en charge au long cours, c’est à dire une psychothérapie proprement dite.

Les psychothérapies qui s’inscrivent dans le temps

En ce qui concerne une psychothérapie, ou un accompagnement psychologique, il est en revanche plus difficile de donner une durée précise, standard, pour ce type d’accompagnement. Une estimation moyenne est cependant possible. Pour donner une idée de durée minimum, je pense qu’une année est une durée raisonnable à considérer. Trois ou quatre ans ( à raison d’au moins une fois toutes les deux semaines) me semblent optimal, mais cela peut aller au de là selon les cas, et le rythme choisi.

Dans tous les cas, quelle que soit la durée, il faut garder en tête qu’une psychothérapie est un passage. Elle est conçue pour se limiter dans le temps même si celui-ci peut paraître long, comme n’importe quel autre accompagnement.

Thérapies brèves : effets partiels

Cela étant dit, personnellement, si je crois dans l’efficacité des Thérapies Cognitivo-Comportementales ou dans les méthodes qui reposent sur des Expériences Modifiés de Conscience (EMC), comme l’hypnose, la Méditation de Pleine Conscience (MPC) ou le Rêve Éveillé ou l’EMDR, je ne crois pas du tout au concept de thérapie dite brève, sauf à ce qu’elles soient invasives, donc brutales, avec les contre-coups que cela suppose. Auquel cas sont ce encore des thérapies?

Il me parait raisonnablement difficile, voir impossible, de modifier un comportement, ou une personnalité, un état mental, un schéma ou une certaine façon d’être et de percevoir le monde, ou encore d’obtenir une meilleur perception de soi-même du jour au lendemain et sans y appliquer une certaine quantité d’énergie. Une problématique qui s’est installé a pu mettre des années avant de se construire et de se manifester dans la vie d’une personne et il ne me parait pas raisonnable de promettre une transformation de cette problématique dans des délais restreints. Il n’existe pas de kit, de protocole ou de cadre parfait qui puisse comme par magie effacer ou corriger ce que la vie a mis des années à construire ou à entretenir. Obtenir un changement durable, manifeste et satisfaisant, demande non seulement un vrai travail, tant de la part des patients que du psychologue, mais aussi une inscription dans le temps long, pour porter des résultats appréciables et durables.

La durée, une question de structure : les résistances psychiques

La première raison qui installe une psychothérapie dans une certaine temporalité, c’est que le psychisme humain a des défenses, tout comme l’organisme, qui naturellement tendent à faire revenir l’individu à son état mental initial, à ses croyances de bases, à ses habitudes, c’est ce qu’on nomme un principe homéostatique. Cela se comprend en effet car cela participe à la sécurité de la personne.

La biologie de l’attachement : l’ocytocyne

La seconde raison c’est que dans les relations humaines, il y a une réalité hormonale et neuroendocrinienne qui se met en marche et qui est notamment lié à l’ocytocyne. À chaque fois que nous faisons une rencontre nouvelle et agréable, ou positive, qui nous fait du bien nous enclenchons un cycle de sécrétion d’ocytocyne lié à cette rencontre qui durent autour de trois ans, puis une fois les liens solidement construit, il y a un tassement et il peut s’en suivre plus tard un nouveau cycle quand on redécouvre cette personne. L’ocytocyne est l’hormone de l’attachement, cela est valable pour la relation mère-enfant, mais aussi pour toute les autres relations affectives, amicales, amoureuses etc. Dans une relation thérapeutique, comme dans toute autre relation c’est un élément qui soutien la motivation, la tension de base dans la relation thérapeutique. Mais si ce cycle peut être limité dans le temps, il prescrit également une durée, car on ne romps pas un cycle comme celui-ci, en plein cours, sans en subir les conséquences et les contre-coups. Les chagrins d’amour, les dépressions et bien d’autres déboires psychologiques sont pour parti liés à cette rupture du cycle hormonal de l’attachement.

Les rythmes et les cycles de la mémoire

Le troisième point c’est que le cycle de la mémoire est également « réglé » sur environ trois ans. En effet notre mémoire est tout d’abord encodée par une structure qui se nomme l’hypocampe et qui est une structure subcorticale. C’est cette structure qui est attaquée notamment dans la maladie d’Alzheimer.

C’est là que sont codés nos souvenirs les plus récents sur une période de trois ans. Pour gérer cet espace d’encodage, ou plutôt d’engrammage pour utiliser le terme exacte, le cerveau « corticalise » à très long terme les souvenirs les plus pertinents, les plus utilisés, (mémoire antérograde) en les fixant dans le cortex, c’est à dire les structures externes du cerveau dont le fonctionnement est semi-spécifique. Cela justifie qu’un apprentissage profond, (ce qu’est finalement une psychothérapie) doit au moins durer trois ans.

La thérapie : un parcours non linéaire

Le quatrième et dernier point c’est qu’une thérapie n’est pas un modèle linéaire. Ce n’est pas une procédure administrative standardisée. Tous les professionnels du soin le savent bien.

Elle est soumise aux aléas, aux incertitudes, aux influences externes et elle connait dans son cours des disruptions, des progrès et des retours en arrières, des changements de caps, des accélérations et des ralentissements, qui peuvent atermoyer la réalisation des objectifs espérés, qui, eux-même sont susceptibles de changer et de se modifier au fil du travail, à mesure des découvertes qu’il fait émerger, car l’esprit est complexe, fluide et dynamique. Une psychothérapie est une sorte « wicked problem » (Rittel, 1974) c’est à dire un type de problème singulier qui ne cesse de se redéfinir à mesure qu’il se résout. Comme le reflet de la lune dans un lac, l’esprit ne s’attrape pas avec un filet de pèche. Tout ce qui relève du vivant requière beaucoup d’attention, de la constance, et du temps si l’on veut obtenir un résultat significatif et durable. Comme dit le proverbe : patience et longueur de temps font mieux que force ni que rage.    

Ce qu’en dit la recherche…

Le maximum moyen d’environ trois années pour un adulte, que j’indique ici est cohérent avec l’étude Inserm « Psychothérapies : trois approches étudiées » (Etiemble, 2004) qui trouve un empan selon les psychothérapies considérées et les problématiques traitées qui va de 3 à 5 ans. Si vous voulez entreprendre un travail sérieux sur vous-même c’est le temps que vous devrez compter en moyenne.

Je cite ici, en résumé, les principaux points importants qui codifient mon intervention, selon le code de déontologie des psychologues tel qu’exprimé par le Syndicat National des Psychologues (SNP) : 

  1. Je m’engage à conserver totalement confidentielles les informations que vous me livrerez sauf autorisation écrite de votre part, auquel cas votre nom et tout élément vous identifiant sera transformé.
  2. Je m’engage à vous informer des méthodes, techniques et pratiques que j’emploie lors des accompagnements, conseils et exercices que je propose.
  3. Je m’engage à ne rien entreprendre contre votre consentement éclairé.
  4. Je m’engage à ne rien faire qui remette en cause votre indépendance et votre autonomie.
  5. S’il s’avérait que vos difficultés demandaient une prise en charge qui réclament d’autres compétences que les miennes, je vous en ferai part et je vous orienterais vers les professionnels compétents.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le code de déontologie des psychologues, je vous invite à cliquer sur ce lien

Le stress

Le mot

Le mot stress a passé deux fois la Manche. Pour prendre une image : la première fois avec Guillaume le Conquérant et la deuxième au débarquement de Normandie en 1944. En effet, issue de l’ancien français « destresse », il est passé dans la langue anglaise pour devenir « stress » que nous avons réintégré ensuite. Le stress est donc, comme son sens l’indique, un état de détresse. Une brisure dans le cours ordinaire de la vie.

Une relation à l’environnement bio/psycho/social

Le stress est donc un phénomène psycho-physiologique et neuro-endocrinien, de l’organisme pour répondre à une situation exceptionnelle. Ce phénomène adaptatif à été étudié et bien décrit par le médecin Hans Selye. Le stress nous relie de façon dynamique à notre environnement, au réel, c’est donc avant tout une relation qui mobilise nos connaissances et nos capacités d’adaptation et qui contribue globalement à notre survie.

D’abord, un stimulus extérieur, positif ou non, va être perçu par l’organisme et traité comme suffisamment mobilisateur pour déclencher une vague de réactions successives visant à provoquer un comportement adapté pour traiter rapidement la situation.

Ce phénomène est irrépressible, naturel et tout à fait normal. Il est le fruit d’une évolution longue. Car notre cerveau est en effet composé de strates, qui va d’un traitement simple, comme les automatismes et les réflexes, aux traitements les plus complexes, comme le raisonnement et les fonctions exécutives.

Notre cerveau est en effet constitué d’une structure endocrinienne imbriquée à des structure de traitement plus ou moins complexe, en dehors du cerveau proprement dit, qui correspond au tronc cérébral qu’on nomme cerveau réptilien. C’est la structure qui gère les réflexes et les automatismes.

Vient ensuite une seconde structure corticale qui enveloppe cette première structure profonde, (thalamus, hypophyse, hypothalamus hypocampe, amygdala, ce qu’on désigne comme système limbique) qui constitue une partie plus ancienne que le néo-cortex et qu’on nomme aussi le cerveau mamaliens ou cerveau des émotions. Ce dernier est particulièrement affecté au traitement des émotions, mais surtout de l’attachement et de la sociabilité. C’est le cerveau des relations sociales.

Enfin vient le néocortex, plus particulièrement développé chez l’homme et qui est impliqué dans la résolution de problèmes, la décision, le raisonnement, la mémoire à court terme, ou la mémoire dite de travail, le langage, les fonctions exécutives, la créativité. C’est le cerveau des symboles et des représentations

Le stress est le phénomène, qui, face à une situation urgente mobilise les structures réflexes et affectives, tout en inhibant les structures liées au choix et qui impliquent un traitement plus long. Il s’agit en effet de réagir vite pour faire face. En général il s’agit de situations de menaces soudaines qui pèsent sur la personne ou bien un enjeu important à réaliser. C’est ce qui arrive à un comédien qui rentre en scène et qu’on nomme le trac. C’est aussi ce qui arrive quand on monte dans un wagon de montagnes russes ou dans un manège, ou quand on veut faire une déclaration d’amour à la personne qu’on désire…

En situation de stress, le système surrénalien va déclencher des décharges d’adrénaline pour mobiliser les réactions motrices, les muscles, pendant que l’organisme va inhiber le système parasympathique (SNA) qui gère les défenses immunitaires, la digestion, les fonctions sexuelles pour faciliter l’action.

Lorsque le phénomène se produit, l’organisme inhibe les circuits de la douleur (nociception) et déclenche une cascade de réactions, pour préparer l’organisme à l’action (fuite, combat, immobilisation, compensation…). Un certain nombre de marqueurs physiologiques rendent identifiable cet état :

  • augmentation du diamètre pupillaire
  • accélération du rythme cardiaque et de la respiration
  • renforcement du tonus musculaire
  • sueurs froides
  • maux de ventre
  • accélération des idées
  • restriction du champs de vision
  • Augmentation de la sensibilité attentionnelle
  • Augmentation de la charge mentale
  • Focalisation

Cette réaction peut provoquer un effet euphorisant car elle peut s’accompagner d’une décharge de dopamine, notamment s’il permet d’obtenir un bénéfice et de réaliser une action positive, d’où le plaisir que prennent les comédiens, les pilotes de formule 1, les alpinistes et les gens qui en général pratiquent un loisir à risque…

Elle s’accompagne également d’une décharge de cortisol, or le cortisol a deux effets, le premier, le bon, c’est d’alimenter les cellules en sucre pour nourrir l’effort.

Mais le cortisol s’élimine difficilement de l’organisme et il a un effet négatif, inflammatoire, sur le cerveau et les nerfs. Il dégrade les cellules et entrave la régénération cellulaire, via les cytokines. On le soupçonne même d’être un cancérigène. Il a un effet stimulant très fort, c’est pour cela que l’on se réveille le matin. En effet, sous le contrôle de la voie photique (un nerf qui passe sous notre cerveau qui dessert plusieurs sous-structures cérébrales profondes), et via la glande pinéale, tous les matins aux premières lueurs de l’aube ( entre 5 et 6 heures du matin…) l’organisme produit une décharge de cortisol qui va réveiller l’organisme et le préparer à la vie de veille.

Le bon et le mauvais stress

Le bon stress est celui qui vous sauve la vie et qui vous permet de réaliser des efforts importants pour actualiser des objectifs importants. Il est bref, exceptionnel. Le mauvais stress est le stress chronique, insidieux, qui soumet l’organisme à une pression constante jusqu’à le désorganiser, l’épuiser et le faire tomber en dépression. Pour mieux le comprendre on modélise le stress en 4 stades progressifs.

Les  4 temps du stress
  1. La phase d’alarme : la personne mobilise ses forces physiques et psychiques pour se défendre contre un ou plusieurs stimulus stresseur
  2. La phase de résistance : la personne s’adapte aux causes du stress, mobilise des ressources pour y faire face.
  3. La phase d’épuisement : l’énergie mobilisée pour résister à l’agent stresseur baisse à mesure que les effets durent et qu’ils sont puissants : la personne s’épuise, son état se dégrade.
  4. La phase de récupération – résilience : Lorsque la situation de stress cesse la personne récupère ses forces, trouve du réconfort auprès d’autres personnes, se réorganise pour mieux surmonter un nouvel épisode stressant, rétablit son fonctionnement normal.
Les complications liées au stress

Lorsque la phase d’épuisement persiste, dans le cadre d’un stress chronique et que cela dépasse la capacité de la personne à reconstituer ses forces physiques et ou psychiques, celle-ci va, outre les maladies organiques auxquelles elle peut se trouver exposée, contracter un trouble anxieux, voire tomber en dépression.

En réaction les personnes exposées à un stress constant vont surdévelopper certains mécanismes de défense qui vont évoluer en troubles comportementaux et devenir pathologique, tel que les somatisations (maladies de la peau, allergies, maux de dos, voire paralysie, cécité…), phobies, trouble obsessionnel compulsif (TOC), ou les addictions (jeux vidéo, réseaux sociaux, écrans, trouble du comportement alimentaire (TCA), toxicomanie, alcoolodépendance, tabagie, achats compulsifs…), troubles dissociatifs (dépersonnalisation), déni…

Enfin un épisode de stress très intense peut créer un choc psychologique et laisser des séquelles qui vont se constituer en fonctionnement pathologique comme le trouble de stress post-traumatique (PTSTD).

Stress : Les causes

Les causes du stress peuvent être nombreuses chez l’être humain, cette petite liste non exhaustive peut toutefois donner une idée.

  • Les situations inédites et soudaine : les surprises, les rencontres, les nouvelles contraintes alimentaire, changement dans l’environnement (travaux, déménagement), modification des règles sociales, voyages, douleur physique.
  • La frustration : perte d’emploi, rupture sentimentale, perte de mobilité, deuil, échec dans la réalisation d’un objectif matériel ou social, troubles sexuels…
  • Le sur-travail ou la sur-activité : excès d’activité subie ou volontaire, augmentation de la charge mentale, sport intensif, les jeux, les voyages, les compétitions, prise de parole publique et métiers du contact publique.
  • Ambiguïté : manque de clarté dans les informations disponibles dans l’environnement, injonctions contradictoires.
  • Harcèlement : être victime d’un stéréotype social, dénigrement, insultes, faire l’objet d’avances déplacées, être menacé régulièrement par son employeur pour effectuer des tâches dégradantes, ou faire du surtravail, être agressé par un harceleur sexuel…
  • Les conflits : opposition hiérarchique dans le groupe (harcèlement professionnel…), agressivité sociale et culture de l’agressivité (« l’éducation noire » comme en Allemagne notamment, ségrégation raciale, ou sexuel), tensions familiales.
  • Les traumatismes : agressions, vol, accidents, catastrophe, viol, blessures, annonce de maladie grave…

L’Anxiété

Stress et anxiété : les différences

L’anxiété et le stress sont deux choses distinctes qui s’auto-alimentent réciproquement.

Le stress comme nous l’avons vu précédemment est un phénomène complexe psychophysiologique qui soumet l’organisme et le psychisme à des réactions intenses et puissantes. Cela étant, il s’agit d’une situation particulière qui met en relation l’organisme avec des agents ou des situations extérieures. La menace ou la pression est ici objective, identifiable, claire et elle mobilise l’organisme dans l’ici et maintenant.

Dans le cas de l’anxiété au contraire la menace ou la pression n’est pas précise ou claire. Le phénomène est essentiellement psychologique et surtout il ne menace pas dans le présent, mais dans le futur, le sujet, de conséquences désastreuses. On pourrait dire qu’il s’agit d’un modèle mental ( le mot croyance ou représentation peut aussi être utilisé…) qui génère des raisonnements dont les issues sont négatives, mais également invérifiables et incertaines. Il s’agit d’une anticipation, qui génère des scénarios répétitifs, qui font l’objet de ruminations morbides.

Ces scénarios sont plus ou moins rationalisés, plus ou moins étayés par des faits, et en général on y voit se construire un déterminisme ou un fatalisme plus ou moins franc, qui a pour fonction finalement de déjouer l’incertitude qui est l’un des nœuds principaux de la problématique anxieuse. Il est vrai en effet, que notre cerveau, est totalement fait pour traiter des informations cohérentes qui ont du sens. Il ne supporte par l’incertitude. De fait on pourrait dire des personnes anxieuses qu’elles expriment ou qu’elles sont plus particulièrement sensibles à un besoin de structure et un besoin de cognition (ou de connaissance) fort. Les scénarios pessimistes qui caractérisent les personnes anxieuses sont en réalité des réactions défensives fortes pour parer d’une part à la carence informationnelle, au caractère contradictoire des informations disponibles, et qui ont vocation à se préparer stratégiquement à la survenue du pire. Ces scénarios permettent de réviser tout un registre d’actions ayant pour finalité de déjouer ce qui est craint comme probable, c’est le caractère bénéfique qu’on peut lui trouver. Elles ont en quelques sorte (pas toujours…) une fonction d’entrainement.

Suivant les cas, ce modèle mental est plus ou moins rigide, plus ou moins évolutif ou stable et plus ou moins durable. Cela dure en général plusieurs mois. 

En général il porte sur un nombre restreint de thématiques, mais il peut être généralisé, dans le cas d’un trouble anxio-dépressif. On parle d’idées noires dans ce cas là. 

Stress et anxiété : les liens et les relations

L’anxiété s’accompagne presque toujours d’un stress chronique plus ou moins intense et plus ou moins entrecoupé de répit plus ou moins durable. Mais le stress peut être à l’origine de l’anxiété. Une situation stressante qui se répète et qui ne débouche pas sur un bénéfice, mais plutôt sur un échec sont de nature à construire un scénario pessimiste et des raisonnements sombres, d’autant plus difficile à défaire qu’ils sont étayés sur l’expérience… On peut les considérer alors comme des psycho-traumatismes.

Cela étant, l’anxiété ne prend pas systématiquement source dans des évènements pénibles, cela peut être le fruit d’un travail inconscient, qui, dans certaines circonstances va faire émerger l’anxiété et la rendre manifeste…

Les conséquences de l’anxiété

L’anxiété s’accompagne le plus souvent d’un comportement d’évitement, de maux de ventre et de crispation musculaire, mais aussi de troubles de l’attention et des capacités intellectuelles, ou enfin d’insomnies. Des émotions de peurs, de colère et de tristesse sont plus souvent ressenties, ce qui peut troubler les relations sociale et affectives. L’anxiété dans certains cas peut aussi donner lieu à des réactions violentes d’auto-agression et d’hétéro-agression et conduire ceux qui en sont sujet à la prise de psychotropes et de toxiques dont l’alcool et le tabac sont les plus courant. Ces produits ont le tort d’aggraver la situation.

L’anxiété peut causer des troubles paniques qui donnent à lieu à la crainte d’une mort imminente, c’est un trouble très douloureux et très perturbant pour les personnes qui le vivent. 

L’anxiété peut donner lieu à des maladies somatiques : maux de dos, de têtes, courbatures, sciatiques, troubles intestinaux, etc. Elle engendre souvent des troubles sexuels, en particulier chez les sujets masculins. Elle est impliquée dans les maladies cardiaques et certains chercheurs la soupçonnent même d’être impliquée dans certains cancers…

Elle est massivement impliqué dans les phobies et les TOC et se trouve en jeu dans les troubles schizophréniques et paranoïaques. Elle peut être particulièrement handicapante et perturber gravement la vie amoureuse et professionnelle des personnes qui en sont atteinte.

Les facilitateurs

Certains produits favorisent l’anxiété :

  • Comme l’alcool et le tabac, mais aussi le sucre, la consommation excessive de viande et de viandes de rouge (viande de bœuf…) en particulier, les produits psycho-actifs ou stimulants comme la taurine, le café ou le thé…
  • Les carences alimentaires peuvent également être en causes : carences en fruits et légumes et certains produits laitiers comme les yaourts, ou le choux, ainsi que les carences en vitamine D et C peuvent jouer un rôle – en cas de doutes il est souhaitable de consulter son médecin afin d’effectuer des analyses et de faire un bilan de santé

Certains évènements et situations facilitent la survenu de l’anxiété :

  • Les concours et examens,
  • Le stress professionnel, le chômage, les entretiens professionnels,
  • Les tensions amoureuses et conjugales, les situation sexuelles,
  • Les difficultés financières,
  • Les choix, et situation de prise de décision, les postes à fortes responsabilités, les activités intellectuelles de haut niveau, les tâches de conception,
  • Les fêtes et les réunions de familles,
  • L’absence d’une pratique sportive ou physique régulière,
  • Les manifestations publiques ( par exemple : parler en public…),
  • Les foules, les transports en commun et la conduite automobile,
  • Le manque de sommeil, la vie urbaine,
  • La mort ou la disparition d’un proche, la perte d’un objet à forte valeur affective ou financière,
  • La désorientation spatiale ou identitaire, les environnements chaotiques…

C’est en général la répétition et l’accumulation de plusieurs évènements et situations anxiogènes qui est en cause dans les troubles anxieux.

Enfin certaines personnalités sont plus particulièrement vulnérables à l’anxiété : L’anxiété est susceptible de toucher tous le monde sans distinction de culture, d’âge, de sexe et de personnalité. Cependant s’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise personnalité et si chaque personnalité peut s’équilibrer, certaines sont plus particulièrement exposées à l’anxiété, c’est le cas notamment :

  • des personnalités narcissiques et état-limites ou borderline,
  • des personnalités à dynamique obsessionnelles ou évitantes,
  • ou encore des personnalités paranoïdes (personnalités sensitives)
  • ou des personnalité schizoïdes…

La dépression

Les différentes formes de la dépression

La dépression est un trouble de l’humeur. Le mot dépression du latin depressio veut dire effondrement de terrain. On la désignait autrefois par mélancolie puis neurasthénie. La notion elle-même est apparue dans les années 1950, avec la découverte par les laboratoires pharmaceutiques de médicaments ayant des effets sur l’humeur.

La dépression est un effondrement psychique voire physique de la personne. On considère qu’il y a deux types de dépression : les dépressions exogènes et les dépressions endogènes. C’est à dire d’un coté les dépressions réactionnelles ou psychogènes qui surviennent en réaction à un ou plusieurs évènements et les dépressions endogènes qui sont propres aux dispositions de la personne elle-même.

Dans le premier cas, il est convenu de considérer les dépressions réactionnelles relevant de problématiques dites névrotiques, bien qu’elles peuvent survenir sous d’autres formes chez des sujets ayant des personnalités dites psychotiques. En revanche les dépressions endogènes relèvent généralement de personnalités psychotiques, notamment à cause des déséquilibres fonctionnels cérébraux et hormonaux dont elles souffrent, même si les personnalités « névrotiques » peuvent être affectées elles aussi dans ces circonstances, à des degrés différents par ces mêmes phénomènes biologiques.

On désignait autrefois par mélancolie ( melancolia : « la bile noire ») les dépressions dites psychotiques. Elles relèvent de ce qu’on appelle la maniaco-dépression, aujourd’hui appelée bipolarité de type I et II. Il s’agit d’un trouble assez lourd qui ne peut pas être pris en charge en cabinet et qui suppose un suivi pluridisciplinaire en clinique et la prise de médicaments adaptés à base de lithium notamment, permettant de stabiliser le trouble.

En ce qui concerne l’intensité on distinguera la dépression légère dite aussi « simple » et la dépression majeur (depressio major ou « grande dépression »). La première est passagère (quelques semaines…) et ne comporte qu’un nombre restreint de symptôme peu intenses ( c’est le cas des dépressions dites saisonnières…). La seconde est durable (plusieurs mois, voire années…) et présente un grand nombre de symptômes d’intensité moyenne à forte.

Les signes de la dépression

On parle de dépression lorsqu’on constate ces symptômes de façon persistante et régulière sur une période d’au moins deux semaines consécutives :

  • Aboulie : perte de l’élan vitale, de l’envie de faire les choses en générale
  • Apraxie : impossibilité ou difficulté à réaliser les actions souhaité
  • Anhédonie : perte général de plaisir, incapacité à prendre du plaisir pour des activités habituellement appréciées et pratiquées
  • Tachypsychie : Défilement rapide des pensées, incapacités à pouvoir se fixer sur une pensée précise.
  • Difficultés intellectuelles : difficulté à mémoriser, à focaliser son attention sur un point, charge mentale plus élevé, difficulté à apprendre et à mener des activités demandants une attention plus grande. 
  • Ralentissement : ralentissement des gestes et de la parole (ralentissement psycho-moteur).
  • Fatigue et/ou agitation : La personne peine à vivre sa journée, se sent écrasée par la fatigue. Parfois cela alterne avec des phases d’agitations anxieuses, notamment quand il s’agit de rechercher un apaisement ou une solution…
  • Insomnie ou et hypersomnie : perte du sommeil totale ou partiel sur plusieurs semaines, ou au contraire somnolence continue, ce qu’on appelle fuir dans le sommeil.
  • Sentiment et sensation de froid : il est distinct de la température ambiante, intérieur, paralysante ou de chaleur excessive avec suées.
  • Perte ou gain de poids : au moins 5 kilos sur une période de quelques semaines…
  • Sentiment de tristesse : Il est permanent, affecte toutes les dimensions de la vie et ne se dissipe pas, quoi qu’on dise à la personne. Il peut se trouver accompagné de crise de larmes sans raisons. Ce sentiment s’accompagne également d’angoisses et parfois de colère.
  • Perte d’estime de soi : la personne se déni systématiquement toute valeur, se dénigre systématiquement avec excès et sans raisons légitimes…
  • Sentiment d’impuissance, d’indignité : il est profond, très douloureux, très dégradant. La personne se sent indigne de reconnaissance, privé de mérite, de valeur propre, de qualité…
  • Dépersonnalisation : sentiment de ne plus être soi-même, de perdre son identité, ses qualités personnelles et humaines.
  • Incurie : perte de soin pour soi, voire perte de l’hygiène personnelle.
  • Idées noires : pessimisme générale, qui ne change pas avec la discussion voire s’aggrave, scénario du pire, voire idée suicidaires.
  • Ruminations : répétitions de paroles aux thématiques et scénarios en général pessimiste, le plus souvent intérieur.

La réunion d’au moins 5 de ces symptômes (dont l’anhédonie et le sentiment de tristesse) sur 15 jours à trois semaines consécutives, constitue un indice fort d’un trouble anxio-dépressif.

Dépression : les causes

Les dépressions psychogènes peuvent avoir de nombreuses causes. On pense souvent que c’est à cause d’un seul évènement dont l’intensité émotionnelle et psychique a été trop forte. En réalité il est préférable d’envisager la dépression comme un processus : un évènement déclencheur survient sur un terrain déjà favorable à la dépression. Il n’y a pas en fait de cause unique, mais bien d’avantage un faisceau de causes, un réseau

Si certaines personnes pour des raisons différentes sont plus vulnérables que d’autres aux dépressions (notamment génétiques, mais aussi éducatives…), on peut néanmoins détacher un modèle assez constant de son développement : Les tensions sociales poussant à une complexification accrue des techniques et des fonctionnements sociaux, la société se trouve alors conduite à augmenter sans cesse ses exigences envers les individus qui la composent. Lorsque l’individu ne parvient plus à pouvoir les satisfaire ou y faire face, lorsque ses capacités psychiques sont dépassées, il craque et s’effondre.

Il y a toujours un écart dans une dépression, entre une demande sociale intériorisée et les ressources propres, disponibles, de l’individu, ce qu’on appelle en psychologie la dissonance cognitive.

Dans le prolongement de cette conception, on doit également reconnaître qu’il y a généralement dans une dépression une dimension conflictuelle, des positions contradictoires, inconciliables, qui vont exploser plus ou moins durablement la personnalité et l’identité de la personne, c’est à dire un conflit intérieur qui s’extériorise en se retournant contre la personne.

Un autre point important qui complète ce tableau, c’est la question de la capacité à reporter la frustration, à la refouler, ou à l’emmagasiner.

La dépression marque en effet ici la limite de l’inconscient à tolérer une accumulation de frustrations. Les problèmes se sont noués bien avant dans l’esprit de la personne, inconsciemment, si bien que la dépression est le moment où émerge ces problèmes. En un sens la dépression est libératoire. Enfin pour terminer quand au mécanisme psychique en jeu, il ne faut bien entendu pas écarter la violence sociale et affective, le contexte politique et culturel. L’isolement social et la précarité sont en effet en cause dans ce trouble, ce sont des facteurs majorant et même parfois déclenchant.

De même il ne faut pas écarter des mécanismes biologiques imbriqués dans la survenue de ce trouble. Le déséquilibre dans la production du cortisol est un point important comme nous l’avons esquissé précédemment.

Le manque de lumière joue rôle un important, notamment sur la production de mélatonine à laquelle est lié la sérotonine. Or on attribut l’effondrement de l’humeur à une carence en sérotonine qui est le neurotransmetteur que l’on associe au sentiment de bonheur et que l’on se met à produire en particulier en compagnie des personnes qu’on aime bien ou d’échanges sociaux agréables.

Des carences alimentaires, un manque d’activité physique, une dégradation de l’hygiène de vie, la prise de toxiques, un manque de repos peuvent également être impliqués dans ce trouble.

Dépression : Risques… et bénéfices.

La dépression est une affection relativement courante. C’est la maladie mentale la plus répandue. On estime en effet à l’heure actuelle que 40% des personnes vivants dans les pays industrialisés ont eu, ont, ou auront une dépression dans leur vie.

Quant aux risques, ils sont nombreux. La dépression est la maladie psychique la plus mortelle puisqu’elle est impliquée dans une majorité de cas de suicide et de tentatives de suicides. Elle peut engendrer également des maladies cardio-vasculaire et aggraver d’autres maladies somatiques. Elle engendre également des dégâts dans la vie sociale des personnes qui la contractent : perte d’emplois, rupture amoureuse, rupture avec la famille…

Mais on peut également saisir la dépression comme une expérience bénéfique. Bien qu’elle soit très douloureuse, elle peut déboucher dans le meilleur des cas sur une transformation intérieure et un meilleur équilibre psychique, sur une conscience nouvelle, plus ouverte, sur un rapport à soi-même plus juste. Elle peut être le passage obligé pour réaménager une problématique de personnalité.

Le syndrome d’épuisement professionnel ou le « burn-out ».

Un syndrome bien identifié mais non-reconnu…

Ce syndrome bien qu’il fasse l’objet de nombreuses études à travers le monde depuis plus de trente ans, d’une définition de plus en plus précise, n’est pas répertorié dans les répertoires officiels de maladies mentales et autres souffrances psychiques (DSM V, CIM XI). Entre autres, l’une des raisons de sa non-reconnaissance officielle est le flou quand à sa catégorisation nosographique. En effet ses symptômes sont très proches de ceux d’une dépression. On peut confondre les deux d’ailleurs.

Burn-out : les signes

Les signes sont variés et multiples. Il affecte autant le corps que l’esprit.

On reconnait un syndrome d’épuisement professionnel à un certain nombre d’éléments dont entre autres :

  • – Une fatigue très forte persistante, des insomnies et des douleurs généralisées
  • – Un désinvestissement massif de l’activité professionnelle, accompagnée d’un certain cynisme à l’égard du travail
  • – Un sentiment d’impasse personnelle mêlé de frustration
  • – Une perte d’estime de soi combinée à un sentiment d’incompétence et de dévalorisation
  • – Une anxiété et un stress important
  • – Dépersonnalisation, perte de la sensation d’être soi
  • – La colère, l’irritation, est l’affect prédominant, lié à une difficulté à tolérer la tension et le stress
Burn-out : le piège

Un burn-out peut survenir dans le cadre d’un harcèlement au travail, mais ce n’est pas systématique. Il survient généralement chez des personnes motivées et même très motivées qui à la base aiment leur travail, leur métier. C’est sur ce terrain que se construit une sorte de cercle vicieux. La personne, en se sur-investissant dans son travail va « brûler » toute son énergie à travailler, jusqu’à en perdre le goût. Et plus elle va s’épuiser et plus elle va vouloir donner son maximum pour montrer qu’elle tient, qu’elle vaut quelque chose (pour elle-même et pour le regard social, plus que pour sa hiérarchie en tant que telle…), jusqu’à l’effondrement. Le syndrome d’épuisement professionnel se pose comme un piège. Cela suppose que pour cette personne le travail est un aspect central de sa vie, qu’au de là des ressources économiques qu’il lui procure et de l’intégration sociale de la personne, son travail revêt une importance essentielle pour elle, pour son identité, son bien-être, sa personnalité. Mais ce faisant elle s’épuise jusqu’au dégout, jusqu’à ce qu’elle se vide, de ses pensées, de ses émotions, de sa motivation… Et c’est parce que le travail est essentiel pour elle qu’elle est dans l’incapacité à prendre de la distance avec son travail. Un parallèle peut être fait avec les comportements d’addiction. Le travail ici se substitue à une substance addictive. La personne a besoin de ça pour tenir psychiquement. Mais alors, si c’en est ainsi pour elle, c’est que le travail, est plus qu’un travail : il vient compenser une demande psychique et affective plus profonde, un besoin d’estime, de reconnaissance et d’amour qui mettent potentiellement en danger la personne.

Lors d’un burn-out la personne est brûlée. Elle se consume physiquement et psychiquement. Il a été montré que les personne en burn-out ont un surcroit de cortisol. « La machine surchauffe ». Cet afflux massif de sucre au cerveau déséquilibre toutes les autres structures et affecte les émotions et leurs gestions et toute les autres capacités cognitives (mémoire, attention, etc…). Elle éprouve de plus en plus de mal à effectuer des tâches habituelles, du mal à gérer les relations à son travail qui deviennent de plus en plus conflictuelles. Son jugement et sa créativité s’émoussent. Il y a une perte de qualité dans la production qui construit un cercle vicieux dans la mesure où cela vient renforcer le sentiment d’incompétence, la baisse d’estime de soi…

Le burn-out peut aboutir à des conduites à risques, à de l’absentéisme, à de l’addiction (alcoolodépendance, tabagisme, prises de stupéfiants…) et mener dans les cas graves la personne à des actes suicidaires.

Au travail et au delà…

Certaines professions sont plus impacté que d’autres :

  • Les professions de santé,
  • Les professions intellectuelles et artistique,
  • Les professions où il y a un objectif imposé à accomplir (commerciales, etc…),
  • Les professions de l’enseignement
  • Les professions où il y a un contact social récurrent.
  • Les professions qui demandent une forte implications personnelle et subjective et où sévissent des règles managériales souvent concurrentielles qui incitent fortement à l’implication personnelle des employés.
  • Enfin les professions dans lesquelles les opérateurs sont dans une situation ambiguë et contradictoire et où ils doivent faire face à des injonctions paradoxales, où ils doivent répondre à des demandes fortes de la part de leur hiérarchie en dépit des moyens pour les réaliser.

Il est à noter que la problématique de burn-out peut ne pas se cantonner au seul espace professionnel et peut également survenir suite à des problématiques personnelles en lien avec une activité professionelle. Des travaux domestiques important (construire ou refaire sa maison) qui durent, des démarches pour avoir un enfant et pour l’élever, des soins à des proches malades, une activité bénévole, parmi d’autres… toutes ces activités qui impliquent fortement une personne sur un très long terme et qui suppose un travail intense et parfois sans repos peut conduire une personne en burn-out. 

Stress, anxiété, dépression, burn-out : quelques conseils pour faire face…

Si vous vous sentez concerné par un ou plusieurs des points qui ont été décrit jusqu’ici, alors je vous conseille grandement de recourir à l’aide d’un praticien pour vous aider à vous en sortir. Vous ne pourrez pas vous en sortir sans l’aide d’un professionnel compétent. D’autre part il est important de souligner que l’absence de prise en charge et de soin augmente le risque de récidive et l’aggravation des troubles.

Dans l’attente d’une prise en charge thérapeutique, plusieurs mesures pour vous aider à surmonter votre problème peuvent être mises en place selon la gravité du trouble :

  • Rendez visite à vos amis ou renforcez votre vie sociale
  • Parlez de vos ressenties à des personnes de confiances
  • Ayez une alimentation saine
  • Evitez le tabac, l’alcool, le café, le thé et les excitants.
  • Faites une activité physique en proportion raisonnable et de façon régulière
  • Faîtes des promenades (marche ou vélo…)
  • Dormez beaucoup, si vous le pouvez ( des traitements phytothérapeutiques d’appoint peuvent vous y aider…)
  • Dans la mesure du possible changer votre cadre de vie (refaire son appartement, le réaménager, faire le ménage, voir déménager …)
  • Buvez beaucoup d’eau et éliminez
  • Ayez une activité manuelle créative et récréative (activité artistique, cuisine, bricolage…)
  • Lisez.
  • Divertissez vous (théâtre, jeux de société, jeux de rôles, sorties…)
  • Eviter les émotions fortes, l’inactivité totale, l’agitation inutile
  • Eviter les responsabilités et les situations de choix ou de prise de décision
  • Soyez constant dans les actions que vous mettez en place

Ces quelques conseils dans la mesure du possible peuvent vous aider transitoirement, mais ils ne remplaceront jamais l’aide et la compétence d’un psychologue diplômé.

Dans tous les cas, ne restez pas seul face à vos difficultés.

Le psychisme peut « dysfonctionner » ou bien par nature, parce que sa formation le conduit à adopter une stratégie « dysfonctionnelle », ou « inadaptée » au contexte, ou bien il peut être impacté par un choc externe qui le bouleverse et le trouble mettant en cause ses capacités à permettre à la personne d’assurer sa sécurité, son bien-être et son épanouissement.

Les psychotraumatismes

Les psycho-traumatismes aussi appelés Trouble de Stress Post Traumatique ou Post Traumatic Stress Trouble Disorder, PTSTD, sont des phénomènes psychologiques qui surviennent après un évènement généralement violent et déstabilistabilisant pour le psychisme de la personne. 

Ici la souffrance psychique, n’est pas due à une stratégie mal adaptée au contexte, à un trouble de la personnalité ou a une problématique interne au psychisme de la personne mais à un agent extérieure. Le trouble et la souffrance sont profondément liés à un évènement particulier.

Quatre sorte de condition peuvent être repérées, selon l’intensité et la durée de l’évènement violent, mais aussi selon la nature de l’évènement.

Durée et intensité :

  • Le choc est soudainintense, bref et ses conséquences sur le corps et la vie sociale de la personne sont importante voire irréversible ou difficilement réparable.
  • Le choc ou la situation traumatique s’installe dans la durée, est insidieux, d’intensité variable, implique l’engagement de la victime, se répète et porte atteinte à son intégrité physique, sociale et morale.

Nature de l’évènement traumatique :

  • Est il causé directement et délibérément par une personne? : agression physique, séquestration, hold-up, accident de la route, viol, harcèlement, torture, acte de barbarie, vol, cambriolage, guerres, échec personnel, erreur professionnelle… : Quelqu’un est à l’origine du traumatisme psychologique.
  • Est il causé par un enchainement de causes diffuses hors de toute volonté humaine? : catastrophe naturelle (inondation, tempêtes, tornades), accident industriel, accident naval, échec, décès d’une personne par maladie… Quelque chose est à l’origine du traumatisme.

NB : Ces 4 conditions peuvent se croiser. Durée, intensité et nature peuvent se recouper ensemble.

Récurrences de certaines thématiques :

Les psycho-traumatismes font souvent références à la thématique de la perte, de l’insécurité, de l’atteinte corporelle, de la mort, perte de l’estime de soi, sentiment de culpabilité, sentiment d’impuissance, sentiment d’isolement, de méfiance et de doutes.

Distribution aléatoire :

Les évènements traumatiques ne causent pas systématiquement des troubles psycho-traumatiques. Certaines personnes déclareront ces troubles, d’autres non. Cela dépend de la nature de l’évènement, du degré d’implication de la personne dans cet évènement, des éléments biographiques et des ressources psychiques et sociales disponibles de la personne. Les raisons pour lesquelles la personne souffre de PTSTD ont souvent à voir avec ses investissements personnels, c’est à dire le lien que l’évènement a vis à vis de la personnalité de la personne souffrante, de sa biographie et de ses croyances. Le psychotraumatisme dit des choses sur la personne. Il possède un sens profond pour elle.

Les symptômes :

  • Les symptômes qui sont associés au PTSTD, postérieurement à un évènements perturbateur, sont    :
  • Anxiété et sentiment d’insécurité permanent, pouvant évoluer vers des troubles paniques.
  • Sur-anticipation
  • Evitement des objets, et des situations évocatrices de l’évènement traumatique
  • Reviviscence fréquente des évènements traumatiques ( ruminations) en l’absence de signe évocateur : les personnes revivent l’évènement traumatique, même si rien ne leur évoque l’évènement
  • Dépersonnalisation ou dissociation lors des reviviscences trop intenses
  • Trouble de la mémoire, amnésie
  • Hypersomnie ou insomnie
  • Cauchemars
  • Repli sur soi
  • Isolement social
  • Pleurs
  • Déni

Ces signes doivent se répéter et s’inscrire dans le temps et être liés à un évènement traumatique. La difficulté ici est parfois de découvrir cet évènement car les symptômes peuvent survenir longtemps après et la personne peut avoir activé un mécanisme de déni et avoir « oublié » l’évènement. C’est un cas qui arrive souvent chez les victimes de viols. Suite à leurs agressions elles contractent une amnésie traumatique. Le cerveau spontanément occulte l’évènement pour protéger la personne. Mais ce mécanisme peut céder, laisser s’exprimer les symptômes précités avec d’autant plus de violence qu’ils ont été empêchés longtemps de s’exprimer. Le retour des images et des angoisses peut alors être massif. C’est pourquoi par précaution les autorités mobilisent des psychologues sur les lieux de grands drames pour prévenir les décompensations post-traumatique par la suite. 

Comorbidités :

Les troubles psycho-traumatiques peuvent causer de la dépression, qui peut aller jusqu’au risque suicidaire, un isolement social, des ruptures affectives et professionnelles, des troubles du comportement alimentaires, troubles sexuels, des addictions ( tabagisme, alcoolodépendance, toxicomanie, addiction aux jeux, achats compulsif…), des phobies d’objet et des phobies sociales entre autres…

Psychotraumatismes et dissonnances cognitives

Toutes les personnes naturellement ont une dissonance cognitive. Une dissonance cognitive consiste en un écart, entre ce que l’on croit, nos valeurs, nos croyances, et ce que l’on expérimente du réel, ou bien entre le degré d’exigence sociale (comprenant y compris les prescriptions liées à une tâche professionnelle ou non…) auquel on adhère et la réalité que l’on vit.

Plus cet écart est petit, plus la personne éprouve du bien-être, une bonne estime de soi, se sent compétente, digne d’amour, capable de se projeter dans la vie et de s’épanouir. Plus cet écart est élevé plus elle va se sentir mise en cause dans son estime de soi, son sentiment de compétence et de légitimité et devras mobiliser ses mécanismes de défenses pour rétablir un bien-être optimal.

Dans le cas d’un psychotraumatisme, l’évènement traumatique, comme expérience négative forte du réel élève la dissonance cognitive des personnes à des niveaux qu’ils ne peuvent parfois pas compenser et ils s’effondrent, ou bien adoptent des mécanismes de défenses dont les bénéfices secondaires peuvent se retourner contre eux.

Par exemple la conduite d’évitement liée à un évènement traumatique peut causer de l’isolement social. Par peur de rencontrer des situations évocatrices de la situation traumatisante, la personne peut se couper d’une part importante de ses liens sociaux voire renoncer à certains projets. Par la suite l’isolement social qui en résulte contribue à augmenter l’anxiété, le sentiment d’insécurité et la baisse d’estime de soi…

En général l’augmentation de l’écart de la dissonance cognitive suite à l’évènement traumatique met en jeu les valeurs, les investissements et les croyances fortement ancrées de la personne. Cela touche à ses motivations et à ses investissements affectifs. L’évènement traumatique, vient souvent porter préjudice à des investissements motivationnels et affectifs important de la personne. L’évènement vient atteindre des croyances, des idéaux et des valeurs, qu’il remet en causes et qui faisaient socle pour la personne.

La nature de l’évènement traumatique, vient toucher les points de vulnérabilité psychique de la personne, en dévalorisant ce qui chez elle donnait sens à sa vie, la renvoyant à une situation d’impasse inévitable. La manifestation de l’évènement traumatique renvoie la personne à des angoisses archaïques, où prédomine la privation du choix. À ce moment là, elle s’est trouvée prisonnière, impuissante et totalement vulnérable. L’idée de cette vulnérabilité renvoie parfois à des vécus traumatiques plus anciens, qui plongent parfois dans des situations angoissantes vécues lors de l’enfance. Ce peut être une association qui peut être faite par la personne.

Mais il se peut également que la personne pour diverses raisons, ne supporte pas l’idée de sa vulnérabilité, de son impuissance, de sa limite humaine face à la réalité, ou bien qu’elle n’admette pas l’idée que le réel soit chaotique, inconstant, disruptif, non-représentable, inconnu et inconnaissable en totalité… Quelqu’un qui a une forte demande de structure et de cognition, qui est attaché pour diverses raisons à une idée du monde qui soit consistante peut en effet ne pas supporter cette expérience témoignant de l’inverse : le chaos, l’impermanence, injustice, l’arbitraire font aussi parti du monde.

Le psychotraumatisme, soumet en effet la personne, de par le caractère inhabituel et ou extraordinaire de l’évènement qui en est la cause à faire un deuil inattendu de certains absolus, et à devoir admettre la relativité de toute chose et de soi. L’évènement traumatique renvoie en effet à la finitude, à l’inconstance, à l’immaîtrisable, à l’incommensurable, à la mort. C’est à dire à ce qui ne peut être représenté. Comme disait l’écrivain François de La Rochefoucauld, « Ni le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face », or voilà ce que précisément l’évènement traumatique est venu faire, sans aucune préparation pour la personne qui le subit.

Le psycho-traumatisme est d’une certaine façon la difficulté de pouvoir réaliser ce deuil pourtant  nécessaire de ses absolus et de ses idéaux.

Psychotraumatismes et attribution causale

L’attribution causale est un processus psychologique par lequel les gens portent un jugement sur autrui et l’environnement dans lequel elles évoluent et en déduisent les causes des comportements et des évènements.

Ce processus est fortement sollicité lors d’un traumatisme psychologique. Chacun de façon singulière y mobilisera ses valeurs, ses construits, ou ses schémas pour répondre à cette irruption de l’irreprésentable dans sa vie. Selon les cas ou bien les gens auront tendance à reporter la cause de l’évènement sur des causes internes ( traits de caractères, dispositions…) ou bien sur des causes externes (situations, environnement). Pour de multiple raison qui tiennent en partie à un biais cognitif que l’on appel « croyance en un monde juste », les personnes impliquées dans un évènement inhabituel et violent auront tendance à chercher une cause humaine (quand elle n’est pas clairement établie…), plutôt que d’accepter une cause environnementale dénuée d’une intention coupable.

Le problème c’est que lorsque cette recherche d’une responsabilité humaine n’est pas possible, pas découvrable ( cas d’une catastrophe météo ou tellurique…) la tendance sera celle de s’accuser soi-même et de ressentir une culpabilité qui n’a, le plus souvent, pas lieue d’être (avoir été là au mauvais endroit, au mauvais moment…). De même, lorsqu’il y a eu un agresseur connu (viol, agression physique…), la difficulté voir l’impossibilité de comprendre ce qui a motivé l’agresseur, peut également se retourner contre la victime qui reporte sur elle une part de la responsabilité de l’acte, ce que l’on appel identification à l’agresseur. 

Le besoin de trouver du sens aux évènements peut conduire à ce retournement contre soi, pour maintenir une consistance sémantique et symbolique. L’être humain peut, pour préserver ses croyances, ses valeurs, son besoin de sens, agir contre lui-même, ou maintenir une attitude ou des croyances qui aillent contre ses intérêts et son bien-être. 

Un autre biais courant, est celui de la généralisation. Ce qui s’est produit une fois, est dés lors considéré comme pouvant se reproduire habituellement, quand bien même la probabilité que cet évènement se reproduise et y implique la personne est infime et très peu probable. Ici l’évènement est vécu comme pouvant se reproduire de façon imminente et comme habituel. Comme s’il avait envahi l’univers mental de la personne et s’était glissé dans la catégorie des évènements habituels, tout en conservant son caractère extra-ordinaire. La représentation de la cause est comme déformée par son intensité. C’est tellement fort, que c’est comme si ça c’était représenté mille fois et s’était élevé au rang des choses habituelles et satistiquement probables, quand bien même la personne sait que ce n’est pas le cas.

C’est pourquoi dés qu’un élément de contexte ou quelques uns, pour partie analogue à celui de l’évènement croisent à nouveau le chemin de la personne qui l’a vécu, celle-ci va spontanément s’attendre à ce qu’il se reproduise. Il y a dès lors une généralisation de l’évènement et une forme de conditionnement opérant.

Psychotraumatisme et deuil

Tous les deuils ne sont pas nécessairement psycho-traumatiques, même si tous les deuils constituent un trauma. L’évènement traumatique renvoie en effet à une perte, d’une chose, d’une personne, d’une fonction, d’un statut social, d’une capacité… C’est l’intensité du trauma et la capacité de la personne à l’accepter qui fait la part des choses entre le deuil et le psycho-traumatisme.

Ce qui distingue l’un de l’autre, c’est que le deuil est un processus normal, bien identifié par la personne, qui accepte la réalité de la perte. En revanche un trouble psycho-traumatique se pose comme un obstacle à l’accomplissement du processus du deuil : les conduites d’évitements, les reviviscences, l’anxiété, maintiennent la personne dans l’orbite de l’évènement traumatique et l’empêche d’y donner du sens et de s’en détacher… Quelque chose est ainsi maintenu, qui est essentielle pour la personne au prix d’une grande souffrance.

Le processus de deuil est un processus d’acceptation, d’une perte qui ne peut vraiment bien s’accomplir que dans l’objectif d’un gain en retour. Pour supporter cette perte, il faut qu’en retour quelque chose soit gagné en contre partie. Tant que la contre-partie de la perte n’est pas identifiée le processus d’acceptation ne peut pas se dérouler.

Il faut noter que le processus du deuil loin d’être un processus d’oubli de l’évènement ou de la perte est au contraire un processus où le souvenir va pouvoir être possible sans causer de trouble. La personne pourra y revenir, sans trembler, sans s’effondrer, comme un moment détaché d’elle-même. Elle pourra alors porter un regard sur elle dénué de jugement, plus distancié, plus empathique. Elle pourra alors se pardonner, accepter sa fragilité, sa faillibilité et tirer de cette compréhension d’elle-même plus de force encore pour réaliser ce qui lui tient à cœur et donc entrer dans un processus de résilience psychologique : croire à nouveau en elle, dans sa vie, dans le monde et dans les autres.

Les 5 phases du deuil

Ce processus de deuil à été décrit par la psychiatre Elisabeth Kübler Ross et son équipe. Le processus du deuil, d’après ces observations se déroule en 5 phases.

Phase 1 : Sidération : La personne ne comprend pas ce qui lui arrive, elle ne le réalise pas, elle est sidérée, les émotions et les pensées se mélangent sans qu’elle puisse adopter la bonne conduite pour réagir. Cela aboutit à son immobilisation.

Phase 2 : Déni : La personne nie ce qui lui arrive, les évènements et les faits. Elle occulte tout. Elle essaie de reprendre sa vie comme avant. C’est comme si rien n’avait eu lieu. Les souvenirs liés à l’évènement peuvent rester totalement occultés.

Phase 3 : Colère : En prenant conscience de ce qui a lieu, la personne se met en colère. Elle se mobilise contre une plusieurs cause supposé. C’est le moment où elle porte plainte, l’exprime, tourne sa vindict contre ce qu’elle croit être la cause de son malheur. Elle s’investit dans l’action pour essayer de réparer ce qui l’a blessée. Cette colère est le plus souvent saine car elle pousse la personne à agir et à réparer les dommages subis. C’est le moment où se pose la question des contre-parties, et des compensations. Mais elle peut aussi être plus préjudiciable car cela peut l’amener à des projet de vengeance ou a attenter à ses jours si elle retourne sa culpabilité contre-elle.

Phase 4 : Dépression : Lorsque la personne réalise que malgré ses actions, malgré l’identification et la désignation de la cause ou de l’auteur de ses souffrances, malgré tout ce qu’elle a pu faire pour réparer les choses, ce qu’elle a perdu ne reviendra plus, alors elle peut laisser place à la tristesse. La perte est alors pleinement réalisée, conscientisée et intégrée. La personne vit cette perte et accepte les émotions qui y sont liés. Cette phase dépressive peut être plus ou moins intense et comporter plus moins les symptômes d’une dépression.

Phase 5 : L’acceptation : À l’issue de cette dépression la personne se trouve libérée du poids de cette perte. Elle l’accepte. Elle n’oublie ni la douleur, ni la souffrance, ni la perte. Le souvenir peut être récupéré sans causer de peine excessive.

Deuil et Résilience

Ces 5 phases, peuvent également se recouper avec le mécanisme qu’on désigne mécanisme de résilience. La résilience participe pleinement du processus de deuil.  On considère la résilience comme la capacité à résister à des expériences traumatisantes ou stressante, et la possibilité de transformer de telles expériences pour en faire un nouveau départ.

Le psychiatre Boris Cyrulnik a lui-même parlé de son expérience de la résilience. Ayant perdu ses parents très jeune dans les circonstances tragiques de la seconde guerre mondiale, il retrouva le gout de vivre en s’attachant à l’institutrice qui l’avait recueilli. Cette expérience l’a fortement marqué pour devenir plus tard psychiatre.

Résilier, c’est fermer une page pour en ouvrir une nouvelle. Cette opération assez complexe relève d’une transaction qui n’est possible que dans la mesure où l’on trouve dans son environnement, une personne empathique, qui reconnait à la fois notre souffrance et notre détresse et en même temps qui reconnait en nous l’humain que nous sommes et ses capacités. Pour que ça marche, il faut qu’il y ai identification réciproque. On s’identifie à celui qui nous tend la main, en même temps que celui qui nous tend sa main s’identifie à nous comme une part de lui-même. Mais cette identification va au de là. Cet autre ne fait pas seulement que nous reconnaître, il nous considère positivement de façon inconditionnelle, il nous renvoie à l’universelle plénitude de notre humanité profonde. Il se pose comme un autre nous-même positif, qui nous donne envie d’être meilleur et d’y croire. C’est une alchimie complexe dont seule la vie a le secret. Mais ce n’est qu’à cette condition qu’on peut réaliser et aboutir son processus de deuil. Les psychanalystes appellent traditionnellement cette relation, le transfert.

Cette personne que l’on rencontre et qui nous aide inconditionnellement et qu’on appel tuteur de résilience fait parti de ces contre-partie nécessaire, du moins en est elle le vecteur, pour accepter la perte et pouvoir la dépasser. L’autre est une ressource, si ce n’est la ressource. C’est grâce à lui que l’on va pouvoir rebondir. Pour sortir d’une difficulté, il faut en effet une énergie supplémentaire que seul l’autre peut vous apporter. On peut certes avoir de grandes capacités de résistances, celles-ci demeurent toujours relatives à ce que la personne peut supporter. Il n’existe pas de résistance infinie, il arrive toujours un moment où l’on trouve sa limite. Le psycho-traumatisme renvoie à la limite

Don, contre-don et par-don

La notion de don, contre-don est un concept qui a été étudié par l’anthropologue Marcel Mauss auprès des peuples premiers. Le schème du don et son corollaire le contre-don est universel. Il repose chez tous les groupes dans l’obligation de donner qui suppose l’obligation de rendre. Cela construit une chaîne a-priori infinie de dettes et d’échanges qui renouvelle infiniment la concrétisation du lien social. Cela organise tout aussi bien les échanges entre les humains, qu’entre les hommes et leur relation à l’environnement et aux choses.

Dans le cas d’un psycho-traumatisme cette structure est impliquée inconsciemment. L’évènement traumatique toujours lié à une perte suppose une contre-partie, pour pouvoir se symboliser. Tant qu’un contre-don n’est pas trouvé, pour compenser la perte, le travail de mise en sens de l’évènement traumatique demeure difficile, complexe, voire impossible.

Le notion du don et du contre-don amène également celui d’esprit des choses. Pour beaucoup de Sociétés Premières les choses demeuraient le siège d’un « esprit » pouvant donner ou reprendre et par conséquent pour que la chose ne reprenne pas arbitrairement ce qu’elle a donné cela suppose donc un contre-don, constituant l’échange. L’échange devenant alors signe de paix. Cela se formalise chez les peuples polynésiens par la croyance en l’esprit du Hau. Pour eux toute les choses ayant un esprit, les dons qu’elles font doivent être rendus dans une logique circulaire.

Pour eux toute chose revient à son point de départ, par un moyen ou par un autre.

Par exemple si je prend un bâton dans la foret c’est l’arbre ou la foret qui le donne ce bâton, alors il me faut le rendre d’une façon ou d’une autre en le remplaçant par une offrande par exemple.

Ensuite comme je me dois de donner, si je sculpte ce bâton en boomerang, je ne pourrais le garder pour moi et devrait donc l’offrir à un tiers qui a son tour l’offrira à un tiers (ou un autre objet équivalent) et ainsi de suite de telle sorte qu’à la fin quelque chose reviendra, sous une forme ou une autre, en lieu et place du bâton qui a été cueilli dans la foret. Une telle conception suppose une intégration profonde de l’homme dans la nature qui implique pour lui qu’elle est pleinement signifiante et même toujours signifiante. Dans le principe du Hau, l’homme n’est jamais un être distinct de la nature.

Le don et le contre-don, via la notion d’esprit des choses s’applique à l’offense. Or l’évènement traumatique est bien une offense.

C’est le don d’une souffrance, par la chose. Implicitement, selon le principe du Hau, cela signifie que la chose se paie en remboursement d’une dette non-honorée. La vengeance devient donc ce remboursement en compensation de ce qui a été pris sans contre-partie. Parfois dans le cadre d’une catastrophe d’alpinisme on emploie par métaphore la « montagne les a gardé » pour signifier que des alpinistes ont succombé à un accident. Ici cela suppose d’attribuer un esprit, aux choses, ici la montagne et de la charger d’une intention. Cela suppose que c’est en compensation de quelque chose que la montagne a « pris » des personnes et que donc les hommes, qui sont les hôtes de la montagne se sont mal comporter en amont avec elle.

Ces jeux d’échanges, de compensations, de transactions, de dons et de contre-dons, donc, ont pleinement cours dans le cadre du psycho-traumatisme. Le psycho-traumatisme est la manifestation d’une transaction qui ne parvient pas à se réaliser. La contre-partie n’est pas toujours facile a découvrir. C’est certain. Et le tiers, le tuteur de résilience, qui permet la découverte de cette contre-partie n’est lui non-plus pas simple à découvrir. Néanmoins c’est la seule condition pour que l’échange, la transaction et par conséquent la mise en sens puisse avoir lieu et avec lui le pardon.

Le pardon lui advient de surcroit, avec la compensation, la contre-partie. Le pardon opère une rupture dans le cycle don/contre-don. La dette cesse alors, elle est remise, et paradoxalement le cycle du don peut reprendre sur des bases saines. Le pardon signifie le détachement vis à vis de l’offense, le lâcher prise. Cela ne signifie pas que l’évènement est oublié mais qu’il ne cause plus,  pour la personne, de souffrance pour elle. Il y a un lâcher-prise. L’affaire est pour ainsi dire classée. On peut vivre avec et même en tirer toute les leçons qu’il faut pour plus tard.

Bien sur la découverte de la contre partie apaise la personne qui a été lésée, mais cela n’est ni automatique, ni immédiat. Les chemins pour aboutir à l’apaisement de la conscience vis à vis de l’évènement et de sa cause sont parfois tortueux. N’oublions pas qu’il s’agit d’une transaction psychique et que les enjeux, souvent loin d’être purement matériels (même s’ils peuvent être imbriqués dans la problématique psychique…), ici touche à des valeurs profondément ancrée pour la personne.

Surmonter son deuil, son traumatisme

Un suivi auprès d’un psychologue s’avère utile et parfois nécessaire pour surmonter son deuil, son psychotraumatisme. Généralement le fait de parler, l’écoute active du psychologue, permet au patient d’élaborer des liens qui vont lui permettre de reconstruire du sens et d’intégrer peu à peu l’évènement dans son esprit. Un travail sur la gestion du stress et de l’anxiété peut aider également à dépasser la souffrance psychique.

Un travail sur les rêves et sur la créativité peuvent enfin permettre à la personne d’utiliser cet élément biographique pour le transformer en quelque chose de positif. Cela peut être un projet de vie, la défense d’une cause, le début d’une nouvelle histoire d’amour, toute sorte de chose qui vont permettre de changer l’évènement négatif en un projet qui va pouvoir remettre en valeur la personne. Cela permettra de découvrir de nouvelles solutions au problème, de restaurer son estime de soi et d’évoluer plus librement.

Troubles du comportement : phobie, toc et addiction

En dehors, de processus « normaux », plus ou moins subi ou choisi comme l’apprentissage, les ajustements comportementaux issues d’une relation familiale, amoureuse ou amicale, de la pression sociale (politesse, lois, normes, mimétisme…) le comportement normal d’un être humain peut être affecté de deux manières :

– soit par un trouble biologique (lésion neurale, perte temporaire ou durable de la fonction d’un organe ou d’un membre…),

– soit par une affectation psychique.

Sur le plan psychique, qui nous intéresse ici, les principales sources psychologiques qui affectent le comportement sont d’abord ou bien exogènes ou bien endogène. Les facteurs endogènes relèvent de problématiques développementales (génétique, éducatives, expérientielles, sociales) se déroulant sur le long terme, tandis les facteurs exogènes relèvent d’évènements extérieurs vecteurs de stimulations fortement mobilisatrices dans l’immédiat ou le court terme, autrement dit de situations de stress dont peuvent découler l’anxiété et les psychotraumatismes (ces deux dernier point pouvant entrer en résonnance l’un avec l’autre). Face à ces sources de désorganisation psychiques, les individus peuvent être conduit à des aménagements défensifs, eux mêmes « pathologiques » tels que les phobies, les TOC ou les addictions.

Les phobies

Portrait

Le mot grec « phobos » veut dire peur. Mais la phobie n’est pas une peur ordinaire. La peur sert généralement à nous avertir d’un danger. Il y a donc à l’origine une situation extérieure objective qui déclenche une réaction proportionnée, cohérente et en rapport avec la dite situation. Dans le cas d’une phobie la réaction n’est ni proportionnée, ni reliée à une situation objective de danger. En effet le plus souvent les réactions phobiques sont démesurées par rapport à l’objet de la phobie.

Un autre aspect de la phobie est la fixation. En général, ces réactions disproportionnés sont liés à un objet en particulier et aucun autre. Les personnes qui souffrent de phobie reconnaissent elles même le caractère irrationnel de leur réaction et de leur fixation.

On distingue deux catégories de phobies :

  • Les phobies simples ou spécifique où les symptômes sont provoqué par un objet extérieur : souris, araignées, serpent, avions, le sang, le vomi…
  • La phobie sociale c’est à dire la peur d’accomplir certaines actions en présence d’autres personnes ou d’interagir avec les autres. L’éreutophobie (peur de rougir en public) par exemple est une phobie sociale. La phobie sociale est un trouble chronique invalidant. Les gens qui en sont atteint tendent à éviter la plupart des situations sociales. Elle cause une intense détresse et peut conduire à une dépression. L’agoraphobie, correspond à la peur des grands espaces ou des foules, mais aussi à la peur de rester coincer quelque part (claustrophobie) ou d’être loin de chez soi.

La phobie est reconnue comme l’un des troubles psychologique le plus répandu. Selon les sources, elle toucherait un quart de la population.

Les aspect comportementaux

Anticipation : sans même être exposé à l’objet ou à la situation phobogène les personnes anticipent par avance toute potentielles rencontre avec eux dans le but de les éviter.

Évitement : Les personnes phobiques évitent en générale l’objet et les situations phobogènes et tout ce qui de près ou de loin s’y rapporte.

Sensibilisation à l’idée de l’objet : La simple évocation verbale de l’objet, ou de l’idée de l’objet déclenche aussitôt de l’inquiétude chez les personnes voir de l’anxiété. Cette hypersensibilisation peut alimenter une rumination qui participe à fixer la relation entre la peur et l’objet

Déni partiel  : Chez les personnes phobiques il y a une occultation systématique des aspects positifs de l’objet phobogène, tous les attributs bénéfiques dont elles pourraient profiter sont déniés. L’objet, ici, n’est pas seulement porteur de peur, mais il est, en général, investit d’une valeur négative absolue, comme s’il supportait à lui seul tous les maux du monde.

Projections fantasmatiques : Il arrive que les personnes phobiques attribuent à l’objet phobogène un pouvoir qu’il n’a pas, plus grand qu’il n’est et des attributs qu’il n’a pas. À l’analyse, on s’aperçoit que les personnes phobique ont une représentation biaisée de l’objet dont elles ont peur. Les raisonnements qu’elles tiennent pour justifier leur phobie, pour la rationaliser sont eux même biaisés. Il apparait souvent à l’examen que les personnes phobiques projettent des scénarios fantasmatiques.

Rituels : Quand les personnes phobiques n’entrent pas dans des processus d’évitement physiques ou symboliques elles peuvent accomplir des rituels censée les protéger d’une rencontre avec l’objet

Transfert : Quand les personnes phobiques ne cherchent pas à fuir l’objet phobogène, elles investissent un objet particulier qui joue un rôle protecteur. On parle alors d’objet contraphobique.

Organisation : La phobie tend peu à peu à organiser la vie de la personne. Certaines actions, voyages, activités seront empêchées ou réalisées en fonctions de la rencontre possible avec l’objet ou la situation dont ils ont peur.

Centralité : La phobie tend à devenir la préoccupation principale de la personne et par devenir le centre de ses pensées à l’exclusion des autres.

Impuissance : Face à un danger, la peur est censée préparer l’organisme à tout un éventail d’actions correctives, dont l’attaque ou du moins des contre-mesures pour modifier la situation ou neutraliser l’objet. Chez les personnes phobiques, ces stratégies sont absente et c’est comme si elles se trouvaient comme condamnées à l’impuissance. La peur les paralyse. C’est ce qui contribue au maintien et à la fixation du trouble.

Phobie et traumas

Il arrive qu’on contracte une phobie ou qu’une phobie apparaissent à la suite d’un évènement traumatique. Un certain nombre de symptômes sont d’ailleurs partagés par les phobies et par les psychotraumatismes.

Dans les deux cas, il y a une tendance à l’évitement, une hypersensibilisation à l’objet, une peur excessive, une charge symbolique forte qui ramifie dans tout un réseau sémantique très profond.

Ce qui les distingue n’est pas tant la forme du symptôme que l’origine. Les traumatismes psychiques sont liés à un évènement bien précis tandis que les phobies ont une formation vague qu’on ne parvient pas à rattacher à un souvenir bien identifié. L’ambiguïté est d’autant plus renforcée qu’un trouble psychotraumatique peut évoluer en phobie, et qu’une phobie, notamment lors de crise forte peut causer des traumas psychiques. 

Phobie et sens

La phobie n’est pas juste une peur excessive pour un objet parfois anecdotique. L’objet phobogène a par nature une relative puissance aversive, ou du moins des attributs objectivement négatifs.

Parfois ce n’est pas du tout le cas. Mais c’est souvent un objet qui appartient au quotidien. Pour que le comportement phobique se constitue, il faut qu’il y ait une durée d’exposition suffisante et donc une fréquence d’exposition suffisante.

La problématique phobique est construite de telle manière qu’elle engendre une gène assez invalidante pour la personne qui la vit, de sorte que l’objet est en général un objet dont la fréquentation est forte et qui se trouve à proximité ou relié à des éléments biographiques particuliers de la personne phobique. 

Les phobies racontent beaucoup de choses sur les personnes qui en souffrent. Elles ont un sens, voir même une fonction bien particulière. Tous le monde n’a pas les mêmes phobies, quand bien même certaines personnes partagent un même objet phobique. C’est un trouble qui est relié à des éléments biographiques bien particuliers de la personne et qui recouvrent un sens profond pour elle. Si un travail de reconditionnement psychique, de désensibilisation est souhaitable et efficace, il ne faut pas manquer néanmoins l’occasion d’élucider le sens profond et la fonction que ce trouble remplit dans la vie de la personne afin que le mécanisme phobique ne se réitère pas sur un autre objet.

Par exemple dans quelle mesure ce qui est craint est il souhaité? Quelle est la part du désir dans cette peur? Quel fantasme s’y dissimule? Quelles identifications cachées existe-t-il avec l’objet phobique? Quel bénéfice implicite procure le trouble? Quels sont les investissements érotiques ou thanatiques  qui l’animent? Quel est la dimension métaphorique de l’objet de la peur? En quoi cette phobie renvoie à la relation parent/enfant et à une confusion des rôles?

Ces questions parmi d’autres peuvent être des axes pour comprendre les déterminants à l’origine de ce comportement et pour le transformer en comportement créatif, productif, utile, valorisant pour la personne.

TOC

Description

Le terme TOC est un acronyme qui désigne en français les Troubles Obsessionnels Compulsifs.

Les TOC sont généralement la traduction comportementale d’une décompensation de la personnalité obsessionnelle. C’est un trouble du comportement qui se caractérise chez la personne qui en est touché par la répétition d’actes compulsifs particuliers, des obsessions idéatives et de l’anxiété.

Obsessions

Une obsession est une idée envahissante qui se répète à l’esprit de façon automatique a une fréquence anormalement élevée sur une longue période de temps. Elle laisse peu de place aux autres pensées et tend à appauvrir la vie psychique. Les obsessions ne sont généralement pas isolées et fonctionnent en réseau. Il y en a généralement plusieurs qui se répondent comme en écho, les unes aux autres, de sorte qu’elles forment un ensemble relativement cohérent et congruent. Elle est constituée d’une chaine solide de pensées qui renvoient les unes autres dans un circuit fermé.

Elles sont cyclique et s’inscrivent généralement dans un flux de pensées assez rapide. Elles se présentent à la pensée comme une suite d’images mentales accompagnées de sentiments, de sensations, d’émotions plus ou moins vives et de raisonnement. Ces images, émotions, pensées, s’imposent d’elles mêmes à l’esprit et servent à véhiculer toujours une même idée qui sert ici de noyau centrale autour duquel elles gravitent. Ici le sujet ne parvient pas ou difficilement à écarter ces pensées de lui, « c’est plus fort que lui ».

Selon les cas les obsessions peuvent être plus ou moins flexibles et variées. Leur rigidité (psycho-rigidité), traduit leur niveau d’intériorisation  ou leur « gravité ». Cette rigidité se manifeste par une forte résistance au changement. Cette résistance se traduit par un regain d’anxiété, de l’agressivité parfois (en réaction à cette anxiété) et par un renforcement des pensées obsessives et des actes compulsifs.

Ruminations

Les gens sujets aux TOC sont généralement sujets à des ruminations. Les ruminations sont des discours fait à soi même mentalement ou à voix haute. Il arrive assez fréquemment que les gens ayant des TOC « parlent tous seuls » (c’est d’ailleurs une assez bonne chose pour évacuer l’obsession…). Mais en réalité ils ne parlent pas tout seul, ils s’adressent à une assistance imaginaire, un interlocuteur vaguement identifié, ou des personnes réelles proches ou non, mortes ou vivantes. Il s’agit très souvent d’un dialogue explicitement ou implicitement. L’autre ici existe dans son altérité. On s’adresse à sa représentation, elle, bien distincte de soi.

Ces comportements font partie des actes compulsifs, ils peuvent avoir pour effet l’apaisement des tensions, l’abaissement du stress, la réassurance, l’étayage et le renforcement du moi. Il s’agit donc d’un mécanisme de défense assez sain en somme, ou d’une solution thérapeutique auto-prescrite. 

Cela étant ces ruminations ont aussi un effet indésirable qui est de consolider les obsessions et de les rigidifier. En effet, à force de répétitions, c’est comme si le sujet apprenait par cœur ce qui l’obsédait… Il y a fixation du contenu obsédant.

Compulsion, Automatismes et Rituels :

Les personnes atteintes de TOC peuvent être sujette à des actions compulsives. Ces actes s’accomplissent dans une semie-conscience de façon plus ou moins automatisée. C’est automatiquement que le sujet va accomplir ses routines de vérifications par exemple. Un automatisme est souvent le fruit d’un apprentissage latent, c’est à dire un conditionnement. À retenir que, l’acte compulsif peut être un geste, dont l’acte de parole, ou une pensée ou une chaîne de pensée particulière. On parle alors de compulsion mentale.

Ici dans quelle mesure ce qui est compulsif n’est pas le fruit d’un apprentissage, pourquoi, et comment? Quel apprentissage inconscient ou implicite s’est réalisé et pour quelle raison? Les TOC renvoient également à des schémas mentaux complexe où dominent l’évitement, le scrupule, un sentiment de culpabilité, une dimension aversive.

Si la notion de compulsion suppose un désir irrépressible de faire ( ou dire ou penser…) quelque chose, si la redondance d’un acte peut traduire un automatisme, il existe également parmi les différentes formes de répétitions, les rituels. Les rituels sont des comportements qui ont pour fonctions de calmer l’anxiété. Les rituels ont cette vertu de combiner une mise en ordre des éléments et une mise en sens. Ils ont une force symbolique très marquée qui correspond à la forte demande de structure et de sens de la personne. Ils ont un but. À travers le rituel, s’exprime la menace que tout s’effondre. C’est une crainte que porte en eux les obsessionnels.

Il y a également dans les TOC, à travers l’acte compulsif l’expression d’un mode de plaisir centré sur la réalisation d’un acte.

Ce n’est pas que les personnes souffrent de réaliser le geste compulsif en lui-même au contraire, mais du jugement qu’elles portent sur lui après coup, des scrupules. Il y a, comme dans l’addiction, un réel plaisir dans l’acte lui-même. Mais l’acte n’a pas du tout la même valeur. Au lieu de compenser un manque, de façon auto-destructrice parfois, les personne souffrant de TOC investissent érotiquement le fonctionnement en lui-même, l’animation des choses elles-même.

Les personnes éprouvent un réel plaisir à agir sur l’environnement et à faire marcher les choses. Il y a un désir « machinique » qui s’exprime dans la répétition de ces gestes. C’est un investissement très positif à l’origine, mais il se retourne contre la personne précisément parce qu’au lieu de tirer une meilleur estime de soi, elle se juge, s’interdit, se bloque inconsciemment, et se condamne. Ce sont les scrupules, le jugement d’elle-même qui la font la plus souffrir. On pourrait alors parler de « plaisir coupable » tant la culpabilité, jusqu’à l’empêchement de vivre entoure la répétition des gestes et des pensées. Ici le faire, ou le plaisir machinique, est source de scrupules, de honte, d’angoisse, car au fond c’est un plaisir pour soi qui souvent entre en conflit avec des valeurs sociales restrictives promues par des personnes aimées, dont notamment les parents. C’est à défaut d’une théorie explicative, une tendance que l’on observe souvent dans ces cas.

Il existe un certain nombre de troubles obsessionnels spécifique basé sur des actes, Syllogomanie (accumulation), Trichotilloanie, Trichophagie, Oncyomanie, Kleptomanie, dermatillomanie (grattage compulsif), oniomanie (achat compulsif).

Toute ces choses ont en commun l’obsession de contrôler un flux, ou une cycle  qui échappe par nature à tout contrôle.

Qu’il s’agisse d’éteindre le robinet (flux d’eau), la lumière (l’électricité), le gaz, le flux de production de marchandise et le flux d’argent, (syllogomanie, oniomanie, kleptomanie) ou bien les flux biologique ( trichotillomanie, trichotillophagie (flux de cheveux), oncyomanie (flux d’ongle) dermatillomanie (flux de peau).

Un autre point à noter c’est la place de l’ambiguïté. Cela est directement lié aux flux. Un objet ambiguë (tous le sont en réalité) se caractérise par une fluidité sémantique et ontologique. Les obscessionels supportent mal l’ambiguité précisément parce qu’ils n’ont pas de prise sur des objets dont la nature ou le sens est incertain. Cela renvoie aux pulsions qui traduisent nos relations avec les flux physiques et symbolique. Chez les obsessionnels c’est comme si les pulsions se trouvaient condamnées, comme si vivre était une faute : d’où chez eux le doute, l’ambiguïté ontologique, entre être vivant (flux des pulsions) ou mort (arrêt du flux des pulsion). 

Dans tous les cas ces actions répétées loin d’être délibérées, suscitent une intense culpabilité, de la honte, des scrupules et des regrets qui se retournent contre la personne obsessionnelle.

La contrainte / le contrôle

La problématique obsessionnelle est centrée sur la notion de contrôle. Il ne s’agit pas tellement de pouvoir en soi, au sens d’une domination des autres et de l’environnement, mais plutôt d’une domination qui se retourne contre soi. Ici le contrôle est surtout le contrôle de soi, il s’agit de plutôt de juguler une  certaine certaine anxiété liée aux scrupules, et activité par un désir certain d’être aimé d’une autorité idéalisée.

La lutte

Le tableau des TOC est souvent dominé par une lutte intériorisée entre des forces contradictoires. C’est le cas notamment des phobies d’impulsions. Angoisse de se suicider, angoisse de se mettre à attaquer l’autre, ou à devenir fou. Les personnes souffrant de phobie d’impulsion sont le théâtre d’une lutte intérieure intense entre des pulsions contradictoires qu’elles tentent de contrôler. Cette lutte intérieure se traduit pas une excessive politesse, une tendance à l’introversion, à l’hyper-rationalisation. Cela aboutit à une tendance explosive dans la gestion des émotions de ces personnes, tant dans la colère que dans la tristesse ou la joie. Elles craquent. La fatigue et l’épuisement sont également la conséquence de cette lutte interne.

Les thématiques

On relève dans les troubles obsessionnels la récurrence de certaines thématiques comme des idéation sur :

  • Une sexualité trangressive et ritualisée
  • La mort, la putréfaction, le pourrie, les selles
  • La propreté et l’hygiène
  • La crainte des maladies
  • L’argent, les possessions, les propriétés
  • La religion, la mystique, la politique et les idéaux en général
  • Une culpabilité excessive pour toute sorte de raisons
  • Des scénarios catastrophiques et apocalyptique
  • Un discours sur la justice, la loi, les règles

Les addictions

L’addiction est un comportement dominé par une recherche hédonique absolue, une recherche de plaisir qui se répète et qui est marqué par un certain désespoir. Comme pour la phobie, ou même les toc, c’est un comportement qui se répètent. Un autre point commun avec la phobie c’est le sens. L’objet ou l’activité investie par l’addiction est porteuse sur le plan symbolique d’un sens. Il vient signifier quelque chose pour la personne. Il s’inscrit dans sa biographie de façon plus ou moins cohérente.

Addictions vs phobie

Mais ce qui distingue la phobie de l’addiction c’est tout simplement qu’il s’agit, manifestement, d’un comportement inverse. Là où l’objet dans la phobie est porteur d’une valeur aversive, dans l’addiction l’objet au contraire est investit d’une valeur hédonique. Sur l’axe aversion/plaisir, ces deux comportements sont diamétralement opposés, et par conséquent d’une certaine façon reliés.

Les liens entre la phobie et l’addiction sont parfois étroit. Il se peut en effet qu’une personne qui éprouve une phobie pour quelque chose développe une addiction en compensation. Par exemple, une personne souffrant de phobie sociale, pourra, pour compenser, développer une addiction aux jeux et notamment aux jeux vidéos. Les jeux vidéos ici servent d’objet contra-phobique. Le joueur compulsif ici se socialise à travers le jeu, sans que sa phobie sociale soit mise en cause. Mais c’est à double tranchant, car, par ce moyen, au lieu de se libérer de sa phobie, il s’y maintient.

Dans les deux cas la phobie et l’addiction ont un effet aliénant. Elles dominent le comportement de la personne. Une addiction comme une phobie, envahie la vie de la personne, et la domine. Elle devient centrale dans sa vie et tend à appauvrir sa vie. Il n’y a plus que ça dans sa vie. 

Mais toutes les problématiques addictives ne sont pas systématiquement reliées à des phobies. Ce n’est bien souvent pas le cas. Généralement les addictions sont liés à des troubles de l’attachements et à des problématiques dites anaclitique ou de dépendance affective développé dans l’enfance. Les addictions traduisent bien souvent un manque affectif précoce et un déficit d’estime de soi très important. L’addiction vient bien souvent compenser ce manque. Elle a un effet d’étayage. Elle sert à rassurer.

Cependant c’est une stratégie faussement bonne puisqu’au lieu de libérer la personne de son problème, elle l’y maintien au contraire. Elle assure d’une certaine façon la pérennité du manque dans sa vie.  C’est un peu comme si la personne s’était attaché au manque plus qu’à la personne elle-même.

Enfin une dernière chose qui sépare la phobie de l’addiction, c’est la place du jeu social. Une phobie est une réaction individuelle singulière qui n’est l’effet d’aucune incitation de groupe, d’aucune incitation sociale. C’est la réponse unique de la personne. En revanche la plupart des addictions passent souvent par des mécanisme d’incitations de groupe et d’imitation sociale. Une addiction est bien souvent un comportement appris.

Objets/comportements dans l’addiction :
Les addiction avec substances
  • tabaco-dépendance
  • allocoldépendance
  • toxicomanie
  • etc
Les addictions comportementale sans substances
  • jeu d’argent
  • jeux vidéos
  • travail
  • relations amoureuses
  • activité de loisir
  • relations sociales
Une addiction spécifique : Les troubles du comportement alimentaire

Les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), se caractérisent par l’hyperphagie, la boulimie ou l’anorexie. L’anorexie relève d’avantage de problématiques obsessionnelles (bloquer le flux de nourriture), même si dans la privation de nourriture les gens peuvent parfois éprouver un grand plaisir, pas tant dans la maîtrise de leurs processus de faim et d’alimentation que dans la sensation qui en résulte et que les pratiques de jeûne religieuse visent. Sauf qu’à l’inverse de l’anorexie, les pratiques de jeûne religieuse sont encadrées, limitées et soumises à un but spirituel. Les anorexiques n’ont aucun cadre et aucune limite, tout comme les boulimiques, du moins un cadre déformé, désorganisé. Les personnes anorexiques ne visent pas d’amélioration spirituelle, ni de mise à l’épreuve d’elles-même, mais sont soumise à une passion aliénante pour elle-même qui révèlent souvent une certaine vacuité ontologique, un manque à être. Ce jeu mortel avec la faim et l’alimentation traduit une intense faille narcissique où le soi de la personne est pris pour objet de lui-même. Cette addiction au manque est bien souvent une revendication de pouvoir, non seulement sur soi mais à travers soi, sur les autres. Cette démarche n’est pas exempte d’une certaine perversité ( perversus : renversement ou inversion) même parfois, bien que le fonctionnement pervers ne soit pas caractérisé chez la personne. De par sa complexité même, c’est un des troubles les plus difficiles à désactiver, car la personne qui souffre d’anorexie est souvent dans le déni et refuse bien souvent de collaborer avec les personnes qui veulent les aider. Dans la mesure où c’est une démarche manifestement suicidaire dans les cas les plus durs (perte de poids importantes et complications médicales), il n’y a bien souvent pas d’autres alternatives que l’internement et les soins forcés pour préserver la vie de la personne anorexique et son entourage (non sans risque d’ailleurs d’abus médicaux).

La boulimie et l’hyperphagie en revanche est une forme d’addiction plus claire où l’objet addictogène est la nourriture. C’est un trouble du comportement assez difficile à résoudre car l’abstinence pour l’objet n’est pas envisageable (contrairement à l’alcool ou au tabac). Il s’agit d’une problématique de régulation plutôt que d’une problématique jouant sur la privation. Les personnes hyperphagiques ou boulimiques sont souvent sujettes à des impulsions. Elles mangent sans faim, dans un état qu’on dit crépusculaire, c’est à dire dans une demie conscience. Elles n’ont pas forcément conscience de se remplir de cette façon. Le terme de remplissage est d’ailleurs plus approprié, car la nourriture n’est pas ici investie de valeur et l’acte en lui-même n’est pas un acte d’alimentation. La fonction d’apport énergétique pour le fonctionnement du corps est dénié. Le rapport au corps même est absent ou déformé. Les sujets hyperphagique ou boulimique ont d’ailleurs une représentations d’eux-même déformés. Ces personnes sont souvent sujette à de la dysmorphophobie (comme les anorexiques d’ailleurs). 

Les personnes souffrant d’hyperphagie et de boulimie ont une représentations déformée de la nourriture. Leur prise de nourriture est souvent destructurée et elles absorbent des aliments en dépit du bon sens. Elles attribuent souvent des valeurs émotionnelles ou conceptuelles idiosyncrasique aux aliments. Cette destructuration de la représentation des aliments et de soi va de pair avec l’alexithymie dont souffre souvent ces personnes. L’alexithymie est l’incapacité ou la difficulté à pouvoir verbaliser ses émotions et ses sentiments. Cette impossibilité à dire (oralité) est particulièrement prégnante dans ces problématiques puisque l’oralité y est centrale. On peut y voir une stratégie inconsciente de se remplir la bouche d’aliment pour que n’en sorte aucun mot.

Lors des crises la prise de nourriture est rapide et importante jusqu’à aboutir à une souffrance qui cause le vomissement, quand ces personnes ne le provoquent pas elles-même. La prise de nourriture ne s’accompagne pas de plaisir pour les personnes boulimiques ou hyperphagique.

On peut envisager ces crises comme une forme d’automutilation, tant la souffrance plus que le plaisir y est centrale. Si le passage à l’acte soulage sur l’instant, cela tourne vite au dégout, pour la nourriture et pour soi-même. En effet dans l’après-coup les personnes, selon le niveau de conscience dans lequel elles sont passé à l’acte, éprouvent de la honte, du dégout de soi, un malaise qui enclenche la prochaine crise. C’est un cercle vicieux.

Ces troubles comportementaux, hyperphagie ou boulimie, ont bien souvent une allure défensive sur le plan psychique. Ce peut être une stratégie de copying ou d’adaptation. On retrouve souvent derrière ces problématiques des psychotraumatismes : viols, abus sexuels, maltraitance physique ou psychique, harcèlement, etc, sans que ce soit non plus systématique. Lorsqu’il y a surpoids, le corps gros, fait souvent barrage, comme une armure de chair pour décourager tout éventuel agresseur. C’est un moyen de se dissimuler. Cela n’est bien entendu pas systématique. Le surpoids, peut dans certains cas être aussi le signe d’une défense contre une emprise parentale, maternelle notamment, trop forte sur le plan psychique. Ce peut être un moyen de réaffirmer sa souveraineté sur son corps, mais cette défense là, ne suppose pas toujours l’hyperphagie pathologique ou la boulimie. 

Il est à noter toutefois, lorsqu’on considère ces problématiques que toute les personnes ayant une certaine surcharge pondérale ne sont pas sujettes à de l’hyperphagie ou de la boulimie. La surcharge pondérale n’est pas le signe premier. C’est d’abord le comportement qui est en cause, bien plus que la morphologie de la personne.

Quelque soi les causes provoquant ces troubles, le sevrage ne peut s’opérer  dans un premier temps que par la prise de conscience du trouble, la sortie du déni. La verbalisation des angoisses, des émotions, des sentiments et des pensées est très importante, pour enrayer l’alexithymie. Un travail est ensuite à envisager sur la prise de conscience lors de la prise de nourriture, sur la représentation de la nourriture et de soi. Retrouver le plaisir de manger, suppose de reprendre conscience de ce que l’on mange, et des sensations proprioceptives et de la faim en jeu dans l’alimentation. Il est également à envisager de travailler sur le caractère sociale de la nourriture : des repas plus réguliers pris en compagnie de personnes que l’on aime peut constituer un objectif thérapeutique, à condition que l’on y échange pas seulement de la nourriture mais aussi des paroles et de l’affection. La préparation de la nourriture peut aussi être un enjeu important de l’évolution de la problématique car les personnes hyperphagique ou boulimique ont tendance à viser préférentiellement des aliments transformés de petite tailles, immédiatement et facilement absorbable. Se rendre capable de réguler ses impulsions est ici, comme dit plus haut l’enjeu essentiel et cela ne se peut qu’en traitant les représentations défaillantes que porte en elle la personne. La restauration de l’estime de soi est l’un des objectif visés.

Ces démarches thérapeutiques en jeu dans l’accompagnement des personnes souffrant de boulimie ou d’hyperphagie ne sont pas sans points communs avec le traitement d’autres problématiques addictives. Faire dire le manque, l’angoisse, les sentiments, exprimer le vide intérieur ressenti, soutenir l’estime de soi, forme le tronc commun de beaucoup de traitement d’addiction.

Phobie/TOC/addictions : les liens

Il apparait lorsqu’on considère ces trois sortes de comportements que sont les phobies, les TOC et les addictions des liens profonds qui permettent d’en déterminer les limites.

L’axe phobie/addiction peut se lire sur une ligne qui va du pôle de l’aversion extrême à la quête de plaisir désespéré. Dans les deux cas les deux troubles sont centraux dans la vie des personnes qui en souffrent et réorganisent leur vie, les privant ainsi de leur désir plein et de leur liberté.

L’axe phobie/TOC peut se lire sous l’angle de la répression de ses désirs et impulsion et sous l’empire d’une anxiété insupportable. Il s’agit de personnes empêchées où le cadre intérieur qui régulent les émotions et les impulsions est trop fort.

L’axe TOC/addiction se comprend aisément sous le prisme de la répétition qui signale une tendance à annuler, par la sériation, les contenus de pensée désagréables.

D’autres axes à analyser sont possibles et les trois que nous avons présentés peuvent se croiser. Ce qu’il faut retenir dans ces comportements, c’est une mécanique. Cette mécanique est polarisée entre deux principaux pôles : l’inhibition et l’impulsivité.

L’être humain se propose à lui-même des buts, ce qu’on appel aussi le désir. Nous sommes des être désirants et c’est une bonne chose. Mais pour chaque désir qui représente une certaine quantité de force s’exerce dans le psychisme la force inverse inhibitrice. Cette contre-force a pour fonction de préserver l’individu des conséquences des désirs qu’il éprouve. La première force, celle que manifeste le désir, mobilise d’abord les fonctions affectives et émotionnelles tandis que la seconde, l’inhibition, mobilise les capacités rationnelles de l’individu. La première force suppose le temps court et la deuxième force le temps long.

Quand la force d’inhibition est trop forte et que le désir se maintien cela génère de l’anxiété, c’est le cas des phobies, des TOC, de l’obsessionnalité. La rationalité de la personne réagit très fortement, et va sur-traiter et sur-réagir aux désirs émergeants. L’inhibition, un peu comme un mur, va bloquer l’expression du désir, qui en se retournant vers sa cible va générer un contre-coup émotionnel et affectif qu’on appel l’anxiété. Le processus d’inhibition va générer des pensées automatiques négatives qui vont empêcher la réalisation du désir, sans pour autant que celui-ci cesse.

En revanche, lorsque l’inhibition est trop faible cela se transforme en impulsivité ce qui peut conduire à des problématiques d’addiction. Le désir se réalise et comme rien ne l’arrête, ni n’est assez fort pour l’encadrer, il se trouve alors portée à la réitération, d’autant plus lorsque ce désir rencontre une substance qui se métabolise avec le fonctionnement neuro-psychologique de la personne. L’emprise alors se renforce. Il y a conditionnement.

Bien sur, ce sont là des modèles théoriques. Dans la réalité, les choses sont imbriquées, personne n’est ni tout à fait impulsif, ni tout à fait inhibé. Cela varie dans le temps et selon les contextes rencontrés. L’être humain a tendance à ajuster son style de réponse en fonction des situations qu’il rencontre. Mais généralement on rencontre plus souvent des comportements morbides, pénalisants, quand le fonctionnement est centré sur l’un des deux pôles, malgré la variation des contextes rencontrés. Quand au contraire le comportement d’une personne varie faiblement entre impulsivité et inhibition, le comportement est plus fluide et la réponse adaptative plus efficace. C’est que ce que l’on vise à atteindre au cours d’un suivi psychologique. 

Si nos comportements sont modifiables, l’objectif n’est pas de normaliser les comportements. L’objectif d’un suivi psychologique est d’atteindre un fonctionnement optimum et de réduire les styles de réponses qui coutent le plus à la personne. Il ne s’agit donc ni de s’interdire de tout désir et de tout plaisir, ni de suivre ses pulsions aveuglément, mais de comprendre et de renforcer sa capacité à choisir ce qui est vraiment bon pour soi.

D’où cela vient?

La remédiation cognitive dans son principe remonte aussi loin que les réflexions de l’humanité sur l’art d’apprendre. C’est une pratique intimement liée à la pédagogie et donc à toute la culture philosophique grecque ancienne. Mais ce qui ressemble le plus à ce que nous appelons « remédiation cognitive » de nos jours, a presque 150 ans et on la doit à J.M.G Itard et au cas célèbre de l’Enfant Sauvage qu’il eut à traiter. Il faut ensuite passer par Alfred Binet, le père fondateur du Quotient Intellectuel (le fameux QI), puis passer l’Atlantique (ou les alpes…) et attendre le développement des sciences cognitives ou de l’épistémologie génétique (cf., Jean Piaget) pour voir émerger dès les années 1970 ce qui ressemble le plus à une remédiation cognitive. Cette pratique est également proche des conceptions récentes de la notion d’intelligence, comme l’intelligence émotionnelle, ou l’intelligence sociale.

Pour qui?

La remédiation cognitive s’adresse aux personnes souffrant de dépression, d’angoisse, d’anxiété, de phobies, de dissociation, de troubles du comportement alimentaire, de trouble obsessionnel compulsif, de psychotraumatisme, de crises de panique, de procrastination, de dissociation, d’impulsivité… Elle s’adresse aux adultes et aux enfants.

Pourquoi?

Il s’agit ici d’éteindre ou d’implémenter un comportement ou bien de renforcer une compétence ou bien de compenser une carence, liée aux capacités de la personne (mémoire, attention, motivation, langage, fonctions exécutives, prise de décision habileté visuo-spatiale, métacognitive, sociale, gestion de la régulation émotionnelle et affective). Il s’agit de retrouver au fil des exercices un fonctionnement plus harmonieux.

Comment?

Selon la demande, et la sensibilité, il s’agira pour le psychologue de proposer au patient(e) des exercices adaptés à lui dans ce but-là. Après un diagnostic, il s’agira soit de renforcer une dimension cognitive peu efficace, soit de s’appuyer sur des fonctions plus performantes et de les développer.

D’où ça vient?

La formation et la psycho-éducation du patient est une pratique couramment utilisé dans le cadre d’une TCC. C’est une pratique qui émane de la culture psychologique anglo-saxonne des années 1970.

Pour qui?

La formation et la psycho-éducation du patient est plus particulièrement adaptée aux problématiques comportementales (Phobies, Addictions, Troubles du Comportement Alimentaire, Dissociation, Conduites suicidaires, troubles psychosomatiques, TOC, difficulté dans la prise de décision, procrastination…)

La formation et la psycho-éducation du patient est également adapté aux personnes qui aiment apprendre et comprendre ou qui aspire plus particulièrement à l’indépendance et à l’autonomie.

Pourquoi?

La formation et la psycho-éducation du patient vise à transférer des compétences et des connaissances en psychologies au patient concernant les problématiques qui lui sont propres. Elle vise à aider les patients à retrouver une représentation plus juste d’eux-même et de leur situation, à leur fournir des moyens pour retrouver et maintenir une certaine harmonie et un certain bien-être intérieur.  Ce transfert de compétence et de connaissance s’intègre également dans une logique de construction d’une relation de confiance entre le psychologue et le-la patient(e), pilier fondamental de toute psychothérapie possible.

Comment?

La psycho-éducation consiste à expliquer les concepts de la psychologie scientifique et leur utilité aux personnes et de leur laisser le choix d’en tirer parti ou non. La psycho-éducation a pour finalité de transmettre des connaissances aux patients afin d’éclairer leur prise de décision et leur action. La psycho-éducation a pour finalité de renforcer l’autonomie du patient face à ce dont il souffre. Elle passe par un travail d’approfondissement de la situation particulière vécu par le patient et par un travail de documentation fin et de mise à jours des connaissances sur les domaines concernés.  En ma qualité de psychologue, il me tient à cœur de transmettre à mes patients tout ou partie de mes connaissances et compétence afin qu’ils résolvent positivement les problèmes pour lesquels ils viennent me consulter.

D’où cela vient?

La découverte de l’hypnose remonte au magnétisme animal et à Anton Mesmer. Le problème avec cette origine est qu’elle véhicule avec elle une légende à propos de l’hypnose et de ses manifestations spectaculaires. L’hypnose a été étudié et utilisé par Pierre Janet, Freud, Jung, ou encore M.H Erickson. L’état hypnotique intrigue toujours. Il est encore de nos jours étudié par diverses équipes de neuro-scientifique avec des découvertes intéressantes.

Pour qui?

L’hypnose et les technique associées s’adresse aux personnes souffrant de dépression, d’angoisse, d’anxiété, de phobies, de trouble obsessionnel compulsif, de psychotraumatisme, de crises de panique, de procrastination, de dissociation, d’impulsivité… Elle s’adresse plutôt aux adultes.

Pourquoi?

L’état hypnotique est recherché pour contourner les résistances psychiques. Cela permet de lâcher-prise et d’atteindre des contenus refoulés ou d’élaborer plus librement. Cela permet d’apprendre à s’ancrer dans son corps, d’accorder une attention plus grande à soi et peut permettre de dissocier les affects pénible liés à un souvenir.

Comment?

L’intensité de la transe hypnotique n’est pas recherchée. Ce n’est pas ce qui compte, pas plus que différentes manifestations spectaculaires, comme la catalepsie. L’état hypnotique se manifeste par une sorte de dissociation résultant d’une situation de partage attentionnel. Pour résoudre le conflit entre deux focalisations attentionelle le cerveau se met de lui-même dans un état de dissociation avec l’environnement. C’est un état naturel qui peut avoir lieu plusieurs fois par jour. On l’expérimente après une demande attentionelle forte, face une tâche répétitive ou d’autres situation analogues. Rêvasser au fond de la classe, dans le train ou pendant qu’on tricote par exemple sont des expériences courantes d’états hypnotiques qui participent à notre hygiène mental. Différents signes comme le battement des paupières par exemple peuvent manifester cet état. Pour la personne qui expérimente cet état, cela s’accompagne d’une impression de descendre en soi et d’accorder plus d’importance aux évènements intérieures qu’aux évènements extérieures. Cette descente en soi peut être plus ou moins profonde, plus ou moins légère. Différentes méthodes d’induction permettent d’y parvenir. L’EMDR, découvert par Francine Shapiro, comme technique de retraitement des souvenirs par désensibilition par mouvement occulaire, ou encore la Méditation de Pleine Conscience, basé sur l’ancrage des sensations immédiatement ressentie peuvent faire parti de ces techniques. Les techniques hypnogènes ne sont pas des techniques de premières intentions, et elles demandent de construire une relation de confiance entre le psychologue et le patient. Cela peut prendre un certain temps. Toutefois, si elles ne se substituent pas à un suivi classique, elles permettent en usage pontuel, d’en accélérer sensiblement et favorablement l’évolution.

D’où ça vient?

Le Rêve Éveillé Dirigé est une méthode mise au point l’ingénieur Français Robert Desoille, devenu plus tard psychologue au début du Vingtième siècle. La méthode s’inspire de la psychologie jungienne (Cf. C.G. Jung).

Pour qui?

Elle s’adresse plus particulièrement aux personnes ayant du mal à accéder à leur imaginaire, trop « terre à terre », ou qui au contraire ont des facilité à interagir avec lui. C’est une méthode utile pour détendre les personnes souffrant d’anxiété, de dépression ou de stress.

Pourquoi?

Le bénéfice du rêve éveillé dirigé est double, il permet outre d’accéder à des contenus profonds inatteignables autrement et d’obtenir un état de délassement durable par l’apaisement des tensions qui s’en suit et qui concourt à la restauration de l’harmonie intérieure.

Comment?

Le rêve éveillé dirigé consiste pour le psychologue à aider le patient à entrer dans un état modifié de conscience (EMC), proche de la veille hypnagogique afin de laisser des images apparaître et s’animer sous sa rétine. Le patient doit laisser ces images vagabonder, se structurer, et se constituer en une narration libre, qu’il doit laisser se dérouler comme s’il rêvait. À mesure qu’il rêve éveillé le patient doit décrire ce rêve au psychologue jusqu’à ce que ce dernier mette un terme à l’expérience. Le rêve éveillé peut être dirigé par le psychologue qui peut utiliser un inducteur (mot, son ou objet) pour orienter la thématique du rêve. En générale plusieurs essais sont nécessaires. Une séquence de rêve éveillé dirigé dure entre 5 et 10 minute. À l’issue d’une séquence de rêve éveillé dirigé, le rêve peut être discuté entre le patient et le psychologue. C’est une méthode qui demande une grande confiance entre le psychologue et le patient. Elle ne se pratique pas d’emblée en début de thérapie.

D’où ça vient?

Le toucher était au départ partie intégrante des premières psychothérapies. Freud lui-même massait ses patients et patientes avant qu’il ne se dirige vers d’autres voies théoriques et qu’il n’interdise cette pratique. Ses disciples et successeurs dont Fliess et Reich reprirent cette méthode. Aujourd’hui cette pratique est très liée à la gestalt-thérapie et au courant humaniste. La gestalt thérapie considère que le corps et l’esprit font un ensemble, c’est dans ce cadre que l’on intègre le toucher dans une thérapie humaniste. C’est un sujet qui est lié à la cognition incarnée, à l’haptique, et qui est compatible avec les principes cliniques proposé par Gilles Deleuze.

D’où ça vient?

La musicothérapie est une discipline très ancienne qui fut pratiquée par de nombreuses cultures antiques (grecque, hébraïque, arabe et chinoise). Elle fait l’objet depuis la moitié du XX eme siècle d’un renouveau en Occident. Ce regain d’intérêt a conduit jusqu’à aujourd’hui encore à de nombreux travaux de recherche en psychiatrie, en psychologie clinique et en neuropsychologie. Elle est un sujet d’étude en cognition incarnée. Elle a des résultats positifs avérés sur le psychisme et sur l’organisme. Elle est compatible avec les axes cliniques dessinés par Gilles Deleuze, auxquels je souscris.

Pour qui?

La musicothérapie s’adresse aux personnes souffrant de dépression, d’anxiété et d’angoisse ayant du mal à verbaliser, aux personnes ayant des problèmes de peau, ou des problèmes de dissociations, ou qui sont sujettes à des troubles post-traumatique, souffrant d’hyperémotivité, deuils difficile,  souffrant d’insomnies, ayant des problèmes identitaires et existentiels, des difficulté mnésiques, souffrant d’un blocage de l’imaginaire et de l’expression des émotions. Et évidement aux personnes qui aiment la musique, ou qui ne l’écoute pas assez.

Pourquoi?

La musicothérapie est une technique immersive qui sert de support à des échanges verbaux.  Il s’agit d’une expérience d’état modifié de conscience (EMC) accompagnée. Cela peut être comparé à une séance d’hypnose ou de mindfulness.

La musique a des effets reconnus sur le corps. Elle régule le rythme cardiaque, la respiration, la tension et la fréquence des ondes cérébrales. Elle peut avoir un effet apaisant ou dynamisant et influer sur l’humeur. Elle s’inscrit naturellement dans une recherche ou une restauration d’une certaine harmonie intérieure. Elle peut jouer un rôle important sur la construction de la confiance entre le psychologue et son patient.

Comment?

Quant au fonctionnement de cette pratique il faut préciser tout d’abord qu’il existe deux types de musicothérapie : la musicothérapie active et la musicothérapie réceptive. Je pratique principalement la musicothérapie réceptive ou sonothérapie.

Une séance de musicothérapie réceptive consiste pendant l’audition d’un enregistrement de musique, à s’appuyer sur le rythme et la tonalité du morceau pour réguler sa respiration, relâcher ses tensions musculaires, faire taire ses voix intérieurs et surtout ses voix négatives, ralentir sa pensée, ressentir ses sensations internes, prendre conscience de sa présence au monde, s’oublier et laisser son imagination vagabonder. Elle se conçoit comme une méditation. Des souvenirs et des réflexions peuvent alors remonter à la surface. Le psychologue choisi les morceaux inducteurs à la suite d’un échange avec le patient, guide le patient dans les différentes étapes de la méditation, l’aide à avoir un meilleur retour sur l’expérience vécue, discute avec lui des ressentis traversés ou des idées apparues pendant l’audition. Une variante est possible dans certains cas en utilisant de vrais instruments et ou la voix, dans ce cas il s’agit d’une séance de musicothérapie active. Dans tous les cas, une séance de musicothérapie n’est   pas un cours de musique. Elle ne nécessite aucune compétence musicale préalable. Elle n’exclue aucun style de musique particulier et ne peut être l’objet d’aucun jugement de valeur sur les goûts musicaux des patients.

D’où ça vient?

Le psychodrame est une méthode mise au point par le Docteur Jacob Levy Moreno, qui est un des principaux acteurs avec Carl Roger et Abraham Maslow du courant humaniste dit de « troisième vague ».

Pour qui?

Le psychodrame est bien adapté aux personnes qui ont des facilités à se produire en public, mais aussi aux personnes timides, ou qui ont des difficultés familiales, des problèmes conjugaux, des difficultés d’adaptation sociale, ou souffrent d’isolement social. Le psychodrame s’adresse également aux personnes dont les problèmes supposent un engagement du corps dans l’espace. Le psychodrame est enfin une technique particulièrement utile dans les thérapies de groupe, les thérapies familiales et les thérapies de couples.

Pourquoi?

C’est une méthode immersive et contrefactuelle. Le psychodrame est une méthode qui repose sur le théâtre et l’imagination. Cela peut permettre de mieux décrire ce qui a été vécu par le patient, et de mieux le cerner, mais cela peut également permettre de saisir les solutions qui permettent de déjouer une problématique. C’est une méthode qui peut être particulièrement efficace en groupe, notamment pour les couples et les familles.

Comment?

Après identification d’une problématique le psychologue propose au patient de jouer et rejouer un ou plusieurs scénarios illustrant ou mettant en œuvre cette problématique. Le psychologue peut interrompre la scène pour interroger le patient sur ce qu’il vit ou modifier le scénario. Le patient peut être amené à jouer plusieurs rôles et à mieux comprendre ce qui a lieu pour le dépasser.